Rich Hampshire

Rich Hampshire

Vice-président-conseil

Je fais un peu diversion avec ce billet de blogue. Pourquoi un mordu autoproclamé de l’énergie sans émission de carbone empiète-t-il sur le territoire de ses collègues des services financiers? Eh bien, pour deux raisons. 

D’abord, tout au long de ma carrière dans le domaine de l’énergie, j’ai remarqué que le développement durable impliquait toujours des concessions, ou des « trilemmes ». Le trilemme est un concept qui décrit les compromis de sécurité et de coûts de l’énergie, et de l’incidence sur le climat. Il serait donc impossible d’avoir le meilleur des trois mondes.

Ensuite, rien n’est possible sans investissement, pas même l’atteinte d’une société sans émissions de carbone.

C’est ce second point à propos de l’investissement et de tout ce qui se joue à l’heure actuelle avec les risques climatiques dans le domaine des services financiers qui m’a particulièrement intéressé. Il y a besoin croissant de mesurer et de divulguer les positions de risque, ce qui stimule l’investissement, et de modifier le comportement des entreprises au sein du domaine des services financiers et autres.

Par exemple, en avril 2019, la Banque d’Angleterre a fait connaître les attentes envers les firmes quant à la gestion des risques financiers découlant des changements climatiques, dans son énoncé de surveillance (SS3/19*). L’énoncé couvre les risques suivants :

  • risques physiques découlant d’événements climatiques et météorologiques;
  • risques découlant d’une transition vers une économie à plus faibles émissions de carbone.

Un autre exemple est l’énoncé mondial Task Force on Climate-Related Financial Disclosures (TCFD)*, dont l’objectif est similaire. Ce groupe de travail a publié des recommandations pour assurer l’uniformité de l’information divulguée par les entreprises à propos de leur exposition aux risques physiques et transitionnels (et de leurs obligations) découlant des changements climatiques. Ces recommandations visent également à aider les entreprises à harmoniser les informations divulguées avec les attentes des investisseurs en matière de risques climatiques.

Quel est l’intérêt pour un spécialiste de l’énergie?

Il semblerait que la communauté d’investisseurs et le domaine de l’assurance commenceront à établir le prix de l’exposition à des risques climatiques dans le coût du capital et de l’assurance. Ceci influencera directement le coût des opérations du domaine de l’énergie et de tous les secteurs d’activités, plaçant nul doute l’exposition à ces risques et les coûts afférents parmi les priorités des dirigeants. De plus, une divulgation claire et constante influencera la réputation d’une entreprise ainsi que sa capacité à obtenir un investissement, à remporter un contrat et à inspirer la confiance de ses clients. 

Les entreprises qui ont recours au verdissement d’image, soit de créer une fausse impression de leurs efforts en développement durable, risquent d’être démasquées. Les investissements dans des initiatives permettant réellement de faire avancer les entreprises vers leur objectif d’élimination des émissions de carbone commenceront aussi à être fructueux. Poser des gestes responsables n’impliquera plus de faire des concessions morales et éthiques; ce sera aussi la chose à faire économiquement parlant. (Lisez le billet de blogue de ma collègue Charlotta Wark à ce sujet : L’écoblanchiment est une mauvaise stratégie – Il faut un système financier durable.)

Je suis d’avis que l’attitude des entreprises face à la crise climatique s’en trouvera changée davantage qu’avec tout autre mandat de conformité réglementaire. Trop souvent, les entreprises voient la conformité comme un coût indirect plutôt que comme un incitatif à s’améliorer. Le défi (et le bon côté) de s’attaquer à la crise climatique est de remodeler son entreprise pour tirer parti des pratiques financières écologiques et d’attirer des clients en faisant montre d’un réel engagement envers le développement durable.

Dans tous les secteurs d’activité, les entreprises seront forcées d’intégrer à leurs stratégies des mesures visant à préserver l’environnement. Leurs modèles d’affaires devront également être ajustés pour réduire l’exposition à des risques climatiques et profiter d’occasions de développement durable.

Les entreprises devront également comprendre les risques climatiques pour les chaînes d’approvisionnement et prendre les mesures nécessaires pour les atténuer, qu’ils soient physiques, transitionnels ou réputationnels. L’urgence de s’attaquer aux risques de la chaîne d’approvisionnement forcera toutes les entreprises à prendre plus au sérieux les changements climatiques.

Les dirigeants d’entreprises savent déjà qu’ils doivent se protéger des risques climatiques, et ils sont nombreux à s’engager à atteindre la carboneutralité d’ici 2030. L’atteinte de cet objectif avant cette date est encore mieux. Cependant, il faut évaluer et divulguer correctement l’exposition aux risques.

Il ne fait aucun doute que la détection et la gestion des risques découlant de la crise climatique pour les systèmes financiers sont d’actualité. Si vous souhaitez en apprendre davantage à propos du rôle des technologies numériques et des données dans ce domaine, commentez ci-dessous ou écrivez-moi*.

*en anglais.

À propos de l’auteur

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Vice-président-conseil

Rich Hampshire compte une trentaine d’années d’expérience dans le domaine des services publics, se spécialisant dans les marchés énergétiques concurrentiels, les services énergétiques, les compteurs et les réseaux intelligents. Il fait partie de la direction de nombreuses associations dans son secteur d’activité, siégeant notamment au ...