CHARLOTTE WARK

Charlotta Wark

Vice-présidente, Services bancaires, Suède

Le concept de finances durables est plus qu’une expression à la mode. Aujourd’hui, les demandes des clients en matière de durabilité sont plus élevées. Pour cette raison, il serait peu sage pour les banques de se contenter de l’écoblanchiment. Cette technique consiste à élaborer une campagne marketing portant sur les produits apparemment « verts » d’une entreprise ainsi qu’à camoufler leur contribution au changement climatique.

Il serait plus profitable pour le secteur financier de faire de réels efforts afin de devenir plus durable et tirer pleinement parti de l’économie écologique. Avant de se plonger dans des explications plus approfondies, commençons par la base.

En quoi consistent les finances durables?

Auparavant, c’était l’aspect économique d’un investissement, combiné au profil de risque de l’investisseur, qui déterminait son approbation. Aujourd’hui, l’aspect durable d’un investissement joue un rôle de plus en plus important. Ceci a donné lieu à de plus importants enjeux au sein du secteur financier, où l’on s’attend à une maximisation des profits sur une base trimestrielle, et ce, tous les ans.

Grâce aux connaissances collectives sur la crise climatique actuelle, de plus en plus de gens comprennent qu’il n’est pas durable de ne prendre en compte que la rentabilité à court terme d’une occasion d’investissement. Il faut également considérer les répercussions à long terme de l’investissement d’un point de vue écologique. Quelles sont les conséquences environnementales de cet investissement? Quelles responsabilités sociales implique-t-il? Qui dirige l’entreprise et de quelle façon?

Pour répondre à ces questions, il est nécessaire d’avoir une vision à long terme de l’investissement. Disons que vous devez investir des fonds pour votre retraite. Souhaitez-vous les investir dans une société de production d’électricité qui offre des retours rapides sur vos investissements, mais qui, à long terme, ne respecte pas l’environnement? Ou préférez-vous investir dans une entreprise qui prend soin de la planète, et qui vous assure que vos plans de retraite soient réalisables?

Il est souvent difficile de prendre des décisions écologiques en raison des pratiques d’écoblanchiment énumérées précédemment. À titre de prévention, la Commission européenne a déployé une norme de classification, permettant aux consommateurs de comparer la durabilité des entreprises, sur des bases équivalentes. L’Union européenne a publié un rapport final sur sa taxonomie en mars 2020, au début de la pandémie de COVID-19. Malheureusement, il a presque disparu des nouvelles.

L’objectif d’une telle taxonomie est d’établir un système de classification uniforme et international pour les activités durables du secteur financier. Certains considèrent la nouvelle classification de l’UE comme un « plan d’acquisition tourné vers l’avenir » puisqu’elle reflète les moyens utilisés par l’UE pour réduire de 50 % ses émissions d’ici à 2030 et devenir carboneutre d’ici à 2050 au fil de ses mandats. Il s’agit également d’un moyen de prévenir l’écoblanchiment et de tirer les bases de futures politiques pour nous assurer, en tant que citoyens, que nous pouvons nous fier aux rapports de durabilité des entreprises.

La production des rapports de durabilité sera éventuellement obligatoire. Mais pourquoi attendre?

La taxonomie de l’UE entrera en vigueur le 1er janvier 2022. Selon les conclusions tirées du Baromètre mondial CGI 2020, la conformité à de nouvelles réglementations telles que la taxonomie de l’UE est une priorité pour les dirigeants des banques. Toutefois, même sans cette classification, l’adoption immédiate de stratégies et d’actions durables nous permettra d’entrevoir une plus vaste gamme d’occasions.

Les stratégies durables peuvent être un catalyseur pour l’innovation de produits. Pensez aux différentes façons dont vous pouvez aider vos clients à prendre des décisions plus écologiques en matière de services bancaires et d’investissements. Il existe déjà d’excellentes initiatives. Ålandsbanken a développé une carte de crédit qui affiche l’empreinte climatique de chaque transaction en classant les habitudes d’achat.

Alipay, un fournisseur chinois de paiements mobiles en est un autre exemple. Alipay met à profit la ludification lors du magasinage en octroyant des points « verts » pour chaque achat écologique. Cette application compte plus de 500 millions d’utilisateurs. Lorsqu’un d’entre eux atteint un certain nombre de points, Ant Forest, une filiale d’Alipay, plante un arbre en son nom. Depuis 2016, Ant Forest a planté plus de 122 millions d’arbres. En continuant de planter des arbres à ce rythme, la Chine sera en mesure de réduire son empreinte environnementale de 5 %.

Le développement de produits et services plus durables avantageux pour l’environnement et l’entreprise redore l’image de marque d’une société financière, renforçant ainsi ses relations avec les consommateurs. Les entreprises européennes qui suivront cette voie seront également admissibles à des subventions vertes en matière d’impôts.

En s’engageant à produire des rapports de durabilité précis et en se tournant vers l’innovation de produits verts, les sociétés financières peuvent maintenant profiter d’une excellente occasion d’accroître leurs revenus, de s’entourer d’une main-d’œuvre plus compétente et d’attirer de nouveaux clients, tout en contribuant à un futur plus durable. Toutes les parties concernées y gagnent – l’environnement, la société, la population et les entreprises.

Je suis enthousiaste quant à l’engagement de la Commission européenne à se tourner vers les finances durables à grâce à la taxonomie. J’ai également espoir que les banques d’autres pays profiteront des occasions promises par les finances durables. Le secteur financier joue un important rôle dans la promotion de la durabilité. Alors qu’attendons-nous?

Si vous souhaitez en discuter ou en apprendre davantage sur les façons dont vous pouvez améliorer votre posture financière, n’hésitez pas à communiquer avec moi.

À propos de l’auteur

CHARLOTTE WARK

Charlotta Wark

Vice-présidente, Services bancaires, Suède

Charlotta Wark, vice-présidente, est responsable des Services bancaires au sein des opérations de CGI en Suède. Forte de ses compétences en services-conseils et d’un cheminement de carrière parsemé de rôles de gestion tels que chef du marketing pour des entreprises internationales en TI, Charlotta possède ...