Quand la Russie a déclenché son invasion à grande échelle de l’Ukraine en 2022, plusieurs ont pensé que la guerre serait de courte durée. Cependant, la situation a évolué en une guerre d’attrition où l’endurance, et non la rapidité, est devenue le facteur décisif. Les entrepôts remplis de munitions, les pièces de rechange et le carburant sont passés au premier plan. Les chaînes d’approvisionnement qui étaient autrefois des infrastructures de second rang sont devenues des ressources stratégiques.
Aujourd’hui, alors que la guerre entre dans sa troisième année, un autre changement est en train de se produire. Ce conflit perdure encore dans les tranchées, mais il est influencé, et sera potentiellement résolu, sur les planchers d’usines. La capacité industrielle se révèle être la réelle mesure de puissance.
Dissuasion durable grâce à une solide capacité industrielle
Ce changement a soulevé d’urgentes questions pour l’OTAN et ses partenaires, surtout en Europe. Sommes-nous équipés pour résister, non seulement en matière de puissance de feu, mais aussi en matière de capacité d’occupation? Sommes-nous capables de produire suffisamment rapidement tout en conservant notre supériorité technologique?
La réponse n’est pas de retourner aux tactiques d’entreposage de la Guerre froide. Elle se trouve dans la construction d’une capacité industrielle, moderne, flexible et résiliente de défense. Une capacité qui peut répondre aux exigences d’aujourd’hui et s’adapter aux menaces de demain. C’est l’une des raisons pourquoi l’accélération de la transformation numérique, la reconfiguration des chaînes d’approvisionnement pour une meilleure résilience et le développement de technologies de dissuasion en temps d’incertitude géopolitique sont des tendances sectorielles clés identifiées par les 70 hauts dirigeants du secteur de la défense et du renseignement que nous avons interrogés dans le cadre du programme La voix de nos clients CGI.
Les capacités de dissuasion reposent maintenant sur notre habileté à produire davantage et à nous adapter plus rapidement que nos adversaires.
Nous constatons déjà des progrès. Les pays investissent dans l’expansion des lignes de production, ce qui a permis de se réarmer de capacités jusqu’à présent inutilisables et de repenser le réseau de logistique. Le béton et l’acier ne suffisent plus. Ce dont nous avons besoin est un nouvel état d’esprit, capable de tirer avantage de la rapidité, de l’agilité et de l’innovation des usines.
Construire intelligemment, et pas seulement à grande échelle
Une défense moderne n’est pas uniquement une question de production à grande échelle. C’est aussi une question de production intelligente.
Ceci signifie l’intégration d’outils numériques dans l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, ce qui permet d’alimenter les phases de conception avec des données opérationnelles en temps réel, d’automatiser le contrôle qualité, et d’utiliser les analyses prédictives pour anticiper les goulots d’étranglement avant qu’ils ne surviennent. Ces capacités transforment déjà le mode opératoire des fabricants du secteur et accélèrent leur habileté à répondre aux besoins urgents.
C’est aussi une question de partenariats. Les forces armées, les fournisseurs sectoriels et technologiques doivent collaborer plus étroitement que jamais auparavant. Chez CGI, nous constatons directement comment des objectifs communs et une collaboration axée sur les données peuvent générer de la valeur. En combinant les environnements numériques sécurisés et des systèmes de production évolutifs, les organisations peuvent réagir plus rapidement et intelligemment.
La résilience est le nouveau mot d’ordre
Un écosystème de défense flexible fait davantage que simplement répondre aux crises. Il établit une résilience à long terme. Cela signifie des chaînes d’approvisionnement diversifiées, des plateformes modulaires évolutives et des systèmes sur mesure pour les situations d’aujourd’hui et capables de s’adapter à celles de demain.
L’environnement géopolitique est volatile et cela ne changera pas de si tôt. Ce qui peut changer, c’est notre façon de nous préparer. L’état de préparation n’est plus seulement une question du nombre d’effectifs au sol ou d’avions dans les airs. C’est également une question de la vitesse à laquelle on peut construire, réparer et innover. L’agilité industrielle est maintenant un pilier central de la défense collective.
La voie à suivre
Après des décennies à avoir entretenu la paix au meilleur de leurs capacités, plusieurs nations redécouvrent la valeur d’une profondeur et d’une redondance stratégiques. S’appuyer sur de vieux modèles n’est plus suffisant. Nous sommes dans une nouvelle ère qui demande rapidité, renseignements et coordination. Nous sommes dans une ère nouvelle qui demande rapidité, renseignements et coordination, où les délais des processus de décision ne concernent pas seulement les situations de commandement et de contrôle avec les unités au front, les processus de ciblage et la collecte de renseignements, mais aussi les usines intelligentes, l’approvisionnement intelligent et le déploiement intelligent des ressources.
Nous avons vu que l’accumulation de réserves présente des avantages à court terme. Cependant, avec une vision tournée vers l’avenir, ce sont les usines connectées, numériques et résilientes, qui seront les véritables indicateurs de notre puissance. L’avenir du secteur de la défense repose non seulement dans ce que nous pouvons entreposer, mais aussi dans ce que nous pouvons produire en temps de crise.