René Lykkeskov, vice-président, Pharma, services publics, sciences de la vie et de l’alimentation, et Phillip Malcho, directeur, services-conseils, chez CGI préviennent que les défaillances de même que les failles de sécurités induites par les systèmes opérationnels vieillissants (soit la technologie qui contrôle la production d’équipement et les processus) pourraient faire perdre des milliards de dollars à l’industrie pharmaceutique. Ils soulignent également que seule une migration graduelle vers des plateformes modernes peut préparer le terrain pour l’IA en plus de préserver l’avantage concurrentiel.

Le secteur pharmaceutique et des sciences de la vie est une des plus importantes « poules aux œufs d’or » du Danemark. Là-bas, les chaînes de production fonctionnent 24 heures sur 24 pour fournir des médicaments vitaux au monde entier tout en contribuant fortement à l’économie du pays par la croissance, les emplois et les excédents commerciaux.

Les principales menaces pour l’industrie pharmaceutique danoise coulent de source : les concurrents mondiaux qui disposent de ressources considérables, les changements politiques sur le plus grand marché de médicaments au monde et la pression constante exercée par les produits génériques qui rivalisent même avec les médicaments les plus vendus.

Mais parallèlement à ces batailles externes évidentes se profile une menace interne plus discrète : plusieurs organisations dépendant toujours de systèmes opérationnels obsolètes. Si ces systèmes étaient fiables depuis des dizaines d’années, leur durée de vie touche désormais à sa fin. Les risques sont évidents. On parle de pannes, de failles de sécurité et d’une flexibilité insuffisante qui empêche l’intégration de technologies plus récentes.

Dans un secteur où la stagnation est à proscrire, les systèmes obsolètes peuvent devenir le maillon faible d’une chaîne autrement puissante, explique Phillip Malcho, directeur, services-conseils chez CGI au Danemark, une entreprise qui, depuis des dizaines d’années, fournit et assure la maintenance des systèmes opérationnels sur lesquels repose aujourd’hui une grande partie de la production sectorielle.

« Si ces entreprises cessent toute activité et que les chaînes de production s’arrêtent, les coûts augmentent très rapidement. Donc, les systèmes opérationnels vieillissants ne sont pas qu’un simple détail technique. Il s’agit d’un enjeu critique », indique Phillip Malcho.

Les systèmes opérationnels et leurs potentielles lacunes en matière de sécurité

La sécurité représente un enjeu important. À l’origine, les anciens systèmes opérationnels étaient isolés, mais le fait qu’ils soient aujourd’hui connectés à des solutions infonuagiques modernes, comme des systèmes d’exécution de la fabrication et de gestion intégrée, entraîne de nouveaux risques. Ils ne s’intègrent pas aux nouvelles plateformes numériques de manière optimale, ce qui peut poser des problèmes de sécurité.

« Lorsque l’intégration de systèmes comporte des failles, cela signifie qu’un pirate informatique expérimenté pourrait, en théorie, prendre le contrôle de l’usine. Les organisations pourraient se retrouver dans un état de grande vulnérabilité », avertit M. Malcho.

Phillip Malcho

Même quelques heures d’arrêt peuvent faire perdre des milliards de dollars à l’industrie pharmaceutique. C’est pourquoi les systèmes vieillissants représentent une menace que les organisations ne peuvent ignorer, indique Phillip Malcho.

Dans un secteur où la fiabilité de l’approvisionnement est essentielle, c’est un risque que les organisations ne peuvent ignorer. Même quelques heures d’arrêt peuvent faire perdre des milliards de dollars aux entreprises pharmaceutiques, en matières premières inutilisées, retards de livraison et pertes de revenus. Elles risquent également de perdre de précieux jours de leur période de brevet, car chaque lot compte en vue d’une utilisation totale des droits de brevet.

« On ne peut pas ajouter un modèle d’IA à un système opérationnel des années 80 et s’attendre à des résultats », mentionne René Lykkeskov.

Le remplacement des systèmes opérationnels obsolètes devient donc un élément central des stratégies de transformation numérique des organisations.

Une transformation numérique graduelle

Le problème de systèmes vieillissants n’est pas propre au Danemark. Selon l’étude mondiale La voix de nos clients CGI 2025, près de la moitié des 1 800 hauts dirigeants interrogés nomment les systèmes existants comme l’un des principaux obstacles à une transformation numérique réussie.

Cette tendance touche tous les secteurs d’activité, et tout particulièrement celui des sciences de la vie, où la production a une telle intensité de capital que chaque minute de temps d’arrêt coûte très cher.

Selon M. Larsen, directeur des technologies chez ABB Denmark, le défi est reconnu. ABB est en activité à l’échelle mondiale, à la croisée de l’industrie, de l’énergie et de la technologie. M. Larsen souligne que la modernisation ne se limite pas à la technologie. Elle repose aussi sur la façon dont la technologie est mise en œuvre. « La transformation numérique doit se faire graduellement », mentionne-t-il.

La mise en œuvre de solutions numériques doit donc se faire de manière à limiter les perturbations majeures et à réduire le risque d’arrêts prolongés de la production. Le but est de réduire l’écart entre les anciens et les nouveaux systèmes en préservant la fiabilité des systèmes existants et en mettant graduellement en place de nouvelles plateformes, le tout sans interrompre la production. Ainsi, les organisations évitent de mettre des milliards de dollars en jeu pour une seule transition risquée.

Comme le mentionne M. Larsen, il s’agit bien souvent de la seule façon réaliste d’avancer sans compromettre la sécurité d’approvisionnement, particulièrement dans un secteur où les brevets et la concurrence mondiale exercent une pression constante sur les délais.

Selon les données de CGI, les leaders sectoriels sont conscients que les systèmes existants constituent un obstacle et que les progrès dépendent d’une évolution, et non par une révolution. La continuité et la concurrence du secteur reposent sur un équilibre délicat entre ces deux forces.

Une migration progressive apporte de nouvelles capacités d’IA

Bien que certains préfèrent cesser l’utilisation d’anciens systèmes et reprendre le processus à zéro, CGI, elle, privilégie une approche plus pragmatique, soit la migration progressive. Ici, les anciens et les nouveaux systèmes fonctionnent parallèlement pendant une certaine période, jusqu’à ce qu’il soit sûr de passer totalement à une configuration moderne et évolutive. Ainsi, on évite les interruptions importantes et garantit une production sans interruption.

« On ne peut pas ajouter un modèle d’IA à un système opérationnel des années 80 et s’attendre à des résultats », explique René Lykkeskov, vice-président, Pharma, services publics, sciences de la vie et de l’alimentation chez CGI au Danemark.

René Lykkeskov

Selon René Lykkeskov, il faut une modernisation progressive pour faire des progrès au sein de l’industrie pharmaceutique. Les anciens et les nouveaux systèmes doivent fonctionner en simultané afin d’assurer une transition harmonieuse.

« Cela demande une migration par étapes, durant laquelle nous transitionnons graduellement les fonctionnalités vers des plateformes modernes, sans interrompre la production en usine. »

Cette approche implique de la patience et de la précision. Chaque processus de production doit être établi, analysé ainsi que testé à la fois dans l’ancien et dans le nouvel environnement avant de procéder à la transition. C’est pourquoi CGI insiste pour combiner une expertise technique approfondie aux connaissances opérationnelles des personnes qui connaissent le mieux l’usine.

« L’objectif est de composer avec l’ancienne et la nouvelle approche, en conservant la fiabilité opérationnelle qu’offrent encore les anciens systèmes tout en introduisant progressivement de nouvelles plateformes », explique Per Larsen, directeur des technologies chez ABB Denmark.

« Pour ces transitions, j’ai besoin non seulement d’employés du siège social, mais aussi des personnes qui mettent la main à la pâte et qui connaissent les installations sur le bout de leurs doigts. Sans elles, vous ne parviendrez jamais à vos fins », ajoute René Lykkeskov à propos de la nature complexe, mais essentielle, de la migration.

Le facteur humain et les gains considérables

The challenge isn’t only technological—it’s also about people. Many specialists with in-depth knowledge of these older OT systems are nearing retirement. « Il n’y a pas de jeunes prêts à prendre la relève », note Phillip Malcho.

C’est pourquoi CGI propose un programme pour diplômés, dans le cadre duquel de jeunes employés travaillent aux côtés de techniciens chevronnés qui ont mis en œuvre les systèmes opérationnels dans les années 80 et 90. Le programme assure le transfert des connaissances essentielles tout en développant de nouvelles compétences pour l’avenir.

Les gains potentiels d’une modernisation sont énormes. Grâce aux jumeaux numériques, les organisations peuvent tester les changements de manière virtuelle avant de les mettre en œuvre dans le processus de production. Et grâce à la maintenance prédictive, qui permet de réparer l’équipement avant qu’il ne tombe en panne en s’appuyant sur des données, même de légères vibrations d’un moteur peuvent signaler une défaillance et éviter ainsi des temps d’arrêt coûteux.

« Il est possible de réduire considérablement les coûts. Les interruptions planifiées pour une maintenance sont bien moins coûteuses que les pannes imprévues », explique M. Lykkeskov.

L’expérience de CGI démontre que la combinaison d’une compréhension du processus, du respect des systèmes existants et d’une modernisation graduelle génère des résultats. Cela permet aux organisations de réduire les écarts entre les systèmes opérationnels du passé et les possibilités numériques de l’avenir, sans compromettre la production dans le secteur des sciences de la vie au Danemark.

Communiquez avec nous pour en savoir davantage sur la façon dont CGI aide le secteur pharmaceutique et des sciences de la vie à moderniser les systèmes opérationnels vieillissants sans interrompre la production.

Cet article a été rédigé par Børsen Brands en collaboration avec CGI et initialement publié ici, en danois, en octobre 2025.