La technologie a quitté les coulisses pour s’installer à la table du conseil. Chez Shell, ce virage s'incarne en Robbert van Rutten, le premier chef de l’information (CIO) de l'entreprise à relever directement du chef de la direction. Dans le cadre d'un dialogue stratégique pour Management Scope avec Frank Schmidt, vice-président, Shell Global chez CGI, M. Van Rutten expose l'importance cruciale d'une approche « soutenue par le métier et axée sur la technologie » pour naviguer à travers la transition énergétique.
La décision de placer le CIO sous l'autorité directe du chef de la direction, Wael Sawan, confirme que la technologie n'est plus une simple fonction de soutien, mais un moteur principal de la stratégie d’affaires.
« Ce changement de lien hiérarchique reconnaît l’impact indéniable de la technologie et crée une véritable occasion d’accélérer la cadence », confie M. Van Rutten à M. Schmidt. « Il y a cinq à dix ans, nous élaborions des stratégies TI; aujourd’hui, nous développons des stratégies d’affaires habilitées par le numérique. L’objectif est passé de l’automatisation des processus à la réinvention du modèle d’affaires pour stimuler la transformation et demeurer concurrentiel ».
Résoudre le « trilemme énergétique » grâce au numérique
Pour Shell, la mission est double : optimiser les actifs traditionnels pour assurer la sécurité et l’abordabilité énergétique, tout en bâtissant simultanément les systèmes à faibles émissions de carbone de demain. Le numérique agit comme un pont entre ces deux mondes.
« Dans nos activités existantes, notre source de revenus traditionnelle, tout tourne autour de la productivité, de l’efficacité des coûts, de la sécurité et de la réduction du CO₂ », explique M. Van Rutten. Il souligne l’orchestration des technologies satellitaires, des drones et de l’analytique de données pour s'attaquer à la réduction du méthane — une intégration technologique inimaginable il y a une décennie.
Parallèlement, dans le secteur des énergies renouvelables comme l’éolien et l’hydrogène, la numérisation permet à Shell de concevoir ses opérations de toutes pièces.
« Le numérique joue un rôle crucial dans la modélisation, l’optimisation et la mise à l’échelle de ces nouveaux systèmes énergétiques [...] afin de relever les défis du trilemme énergétique : accès à l’énergie, abordabilité et durabilité ».
Un virage philosophique : « Les normes du marché, sauf exception »
Pour atteindre l’agilité requise par cette transition, Shell opère un changement culturel majeur, délaissant les logiciels sur mesure au profit de la normalisation et de l’interopérabilité. La philosophie directrice a évolué vers : « les normes du marché, sauf exception ».
La plateforme de données OSDU (Open Subsurface Data Universe) illustre parfaitement cette approche d'écosystème collaboratif. En tirant parti de cette norme ouverte — que CGI soutient et alimente activement — Shell peut uniformiser l’échange de données et améliorer l’interopérabilité à travers le secteur énergétique. Cela permet de réduire les coûts tout en conservant la capacité d’appliquer des algorithmes exclusifs pour maintenir un avantage concurrentiel.
L’innovation pragmatique : l’IA et « l’étoile du Nord »
Bien que l’intelligence artificielle soit un point focal majeur, Shell évite la stratégie du « mur-à-mur » (taille unique). L’approche se veut pragmatique et pilotée par les besoins d’affaires.
« Nous fixons des objectifs audacieux, une "étoile du Nord", mais nous les atteignons par de petites étapes incrémentales qui génèrent une valeur immédiate », précise M. Van Rutten. « Cela nous permet d’éviter les mises en œuvre lourdes et rigides, de rester flexibles et de veiller à ce que la technologie ne devance pas les capacités de l’entreprise ».
En regardant vers l'avenir, M. Van Rutten identifie l’IA agentique (agentic AI) et la démocratisation des TI via les plateformes en libre-service (faible code/sans code) comme de véritables vecteurs de changement. Cela donne aux employés le pouvoir de concevoir leurs propres solutions, à condition d'avoir accès à des données fiables et de haute qualité.
La force du partenariat
Naviguer dans une transformation aussi complexe exige un écosystème collaboratif. M. Van Rutten insiste sur le fait que Shell recherche des partenaires capables de livrer non seulement du logiciel, mais aussi une valeur stratégique et une expertise sectorielle pointue.
« Nous recherchons activement des partenariats, comme celui avec CGI, pour nous aider à atteindre nos objectifs », affirme Robbert van Rutten. « La clé est de formuler une proposition gagnante pour les deux parties. Avec CGI, cela signifie qu'ils ne se contentent pas de fournir la technologie; ils utilisent leur expertise pour former nos employés, bâtir des infrastructures de données pérennes et rendre les solutions d’IA concrètes et applicables ».
Ce partenariat est particulièrement vital dans le domaine de la gestion des données. Par exemple, lors de migrations à grande échelle, CGI aide Shell à déployer des solutions garantissant des données propres, normalisées et accessibles — le carburant essentiel à l’adoption de l’IA et à la prise de décision éclairée.
Transformer la complexité en avantage concurrentiel
Le parcours de Shell confirme que les opérations propulsées par l’IA et axées sur les résultats représentent la prochaine frontière de la performance.
CGI aide les organisations à naviguer ce virage en dépassant la simple implantation technologique pour offrir des services gérés axés sur des résultats d’affaires mesurables. Nous combinons une expertise sectorielle approfondie à l’automatisation appliquée pour réduire les coûts opérationnels, optimiser la fiabilité en continu et accélérer une transformation durable, avec rapidité et imputabilité.
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La conversation complète entre Frank Schmidt et Robbert van Rutten a été initialement publiée en anglais dans Management Scope.