Annette Trenz

Annette Trenz

Vice-présidente, responsable de l’intelligence d’affaires sectorielle

Marcel Mourits

Marcel Mourits

Vice-président, expert-conseil

Depuis que l’épidémie de COVID-19 est survenue dans l’important centre manufacturier mondial de Wuhan en Chine, les répercussions sur l’industrie dans son ensemble ont suivi une courbe exponentielle. Elles sont décuplées par les complexités et les interdépendances d’une chaîne d’approvisionnement mondiale.

Au moment où plusieurs entreprises manufacturières ralentissent ou cessent leurs activités, les décisions s’avèrent extrêmement difficiles aussi bien pour les dirigeants que pour leurs employés. Toutefois, comme ce fut le cas lors de crises précédentes, les fabricants réagissent avec courage et créativité, et espèrent rebondir de la pandémie plus solides que jamais.

Dans ce billet de blogue, mon collègue Marcel Mourits et moi explorons quelques-uns des enjeux les plus pressants et proposons quelques approches qui pourraient aider les entreprises manufacturières à redoubler d’efforts pour répondre aux enjeux, puis rebondir le moment venu et réinventer leurs façons de faire à long terme.

La Chine et l’effet domino sur la chaîne d’approvisionnement mondiale

Au cours des dernières décennies, la Chine s’est positionnée comme une composante cruciale de la chaîne d’approvisionnent. La présente pandémie a des impacts sur presque tous ses sous-secteurs : la transformation des matières premières telles que le magnésium, les silicones, le phosphore et le bois, la production de textiles et de fibres ainsi que la fabrication de composants de produits de machinerie, électroniques et de haute technologie.

Les répercussions de la COVID-19 sur le secteur manufacturier chinois ont engendré un effet domino considérable sur la chaîne d’approvisionnement mondiale en raison de son vaste réseau d’interdépendances. Pour y voir plus clair, examinons un exemple de l’industrie automobile. Un constructeur mondial d’automobiles (fabricant d’équipement d’origine ou FEO) compte environ 200 fournisseurs de modules ou de systèmes de niveau 1, 600 fournisseurs de composants de niveau 2 et plus de 3 000 fournisseurs de pièces et matériaux de niveau 3. Le FEO achète directement de quelques fournisseurs de niveau 1, qui en retour font des achats auprès de fournisseurs de niveau 2, qui s’approvisionnent chez des fournisseurs de niveau 3. Bien que les entreprises manufacturières peuvent passer outre les échanges entre les fournisseurs des différents niveaux et acheter leurs produits directement, cette pratique accroît la complexité et entrave la transparence et la visibilité de l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement.

Dans la figure ci-dessous, nous illustrons les chaînes mondiales d’approvisionnement dans le contexte des participants du marché afin de mettre en évidence ces d’interdépendances et les impacts de la pandémie de COVID-19. La rupture de la chaîne d’approvisionnement s’est amorcée avec la quarantaine des travailleurs en Chine. Les bateaux de marchandises non déchargées ont également entraîné des ruptures d’approvisionnement pour les entreprises manufacturières mondiales. La fermeture des frontières dans d’autres régions du globe a engendré des embouteillages et des cycles de livraison plus longs, même pour les fournitures locales. Par conséquent, les processus de fabrication ont été ralentis ou interrompus. Avec la propagation du virus dans d’autres pays, davantage de travailleurs des usines ont été retournés à la maison pour des raisons de sécurité, ralentissant ainsi la production. La perte de revenus subie par les employés dans plusieurs secteurs d’activité a également engendré une baisse des dépenses de consommation et, par le fait même, la demande de biens.

Interdépendances au sein de la chaîne d’approvisionnement mondiale et impacts de la COVID-19

Interdépendances au sein de la chaîne d’approvisionnement mondiale et impacts de la COVID-19

Au sein du secteur manufacturier, la production a ralenti ou a cessé presque complètement (comme c’est le cas pour l’industrie automobile). Les chaînes d’approvisionnement sont en manque de fournitures et les usines connaissent des pénuries de main-d’œuvre, les travailleurs étant à la maison pour des raisons de sécurité. Les demandes et les dépenses des consommateurs ont affiché une baisse et plusieurs entreprises manufacturières ont reporté ou suspendu tous les projets non essentiels. La pandémie prend de l’ampleur et, bien que nous ne puissions en prédire l’intégralité des répercussions opérationnelles et financières, il est évident que nous traversons une période difficile. Alors que les revenus baissent, le secteur manufacturier cherche naturellement à réduire ses coûts.

Des mesures proactives de réponse

Au cours des dernières années, dans le cadre de leurs efforts visant à numériser et à accélérer leur rythme du changement, les fabricants ont adopté diverses initiatives pour optimiser leurs opérations et réduire leurs coûts. Bien qu’il est difficile de hasarder des prédictions dans de telles circonstances, les entreprises devront se pencher davantage sur des façons de favoriser l’efficacité et les économies de coûts pour se préparer à assurer une croissance et une reprise des activités durables.

Ne plus faire

Une mesure proactive que les entreprises manufacturières peuvent adopter pour éliminer l’inefficacité est de s’assurer « ne plus faire ». Il sera important de cesser de réaliser des activités qui ne sont pas fondées sur des normes. Il faut parfois une crise telle que celle-ci pour surmonter notre hésitation à interdire les développements individuels coûteux, en préconisant notamment l’utilisation de logiciels standards. L’avantage du matériel normalisé est qu’il est conçu pour s’adapter à l’échelle en période de croissance.

Une autre chose à « ne plus faire » est le maintien de processus manuels en mettant à profit des technologies d’automatisation robotique des processus (RPA) et des technologies telles que l’intelligence artificielle pour favoriser des décisions automatisées.

Faire autant avec moins

Une approche prônant de « faire autant avec moins » peut aussi générer des avantages financiers. Il s’agit ici d’entreprendre de sérieuses négociations avec tous les fournisseurs en vue d’optimiser les coûts de main-d’œuvre. L’objectif est de réduire les coûts, mais non d’altérer la valeur offerte.

Faire plus avec moins

Pour obtenir un avantage stratégique, une approche « faire plus avec moins » mérite d’être étudiée. Cette approche privilégie une gestion visant l’efficacité, telle que l’optimisation de la prestation de services en TI. Les initiatives peuvent être réalisées en ayant recours à des services TI en mode délégué, tels que la gestion des applications et la gestion des activités de TI quotidiennes, en privilégiant une approche de prestation de services équilibrée et globale. Les avantages potentiels qui en découlent sont une réduction considérable des coûts opérationnels et un processus d’amélioration permanente fondé sur les indicateurs clés de performance afin de repérer de façon continue les segments où réduire les efforts en gestion et en TI en vue de générer des économies de coûts tactiques et à long terme.

Les entreprises manufacturières peuvent, en fait, choisir d’adopter une ou plusieurs de ces mesures conjointement. Peu importe l’approche choisie, l’objectif devrait être d’assurer la transformation vers la croissance.

Se préparer à rebondir

Outre les économies de coûts, les hauts dirigeants des entreprises manufacturières cherchent à reprendre le contrôle ainsi qu’à se préparer à rebondir et à reprendre leurs activités. Les leçons acquises de cette crise les aideront à y parvenir et placeront l’optimisation de la chaîne d’approvisionnement en tête de leur liste de priorités.

Revisiter les processus, applications et systèmes peut constituer un important pas en avant pour repérer des occasions de réduire les coûts, tout en se préparant pour une flexibilité, une agilité et une collaboration accrues au sein de la chaîne d’approvisionnement du secteur manufacturier. J’espère avoir l’occasion d’observer les entreprises manufacturières transformer les défis posés par la pandémie en nouvelles occasions d’affaires. Faites-moi part de vos commentaires ou communiquez avec moi pour poursuivre cette discussion.

À propos des auteurs-es

Annette Trenz

Annette Trenz

Vice-présidente, responsable de l’intelligence d’affaires sectorielle

Annette Trenz est responsable de l’intelligence d’affaires sectorielle et dirige l’élaboration et l’orientation de l’approche de CGI à l’égard des occasions de croissance stratégique des secteurs d’activité mondiaux. Dans ce rôle, Annette chapeaute une équipe de hauts dirigeants qui supervisent et gèrent l’ensemble des secteurs ...

Marcel Mourits

Marcel Mourits

Vice-président, expert-conseil

À titre de v ice-président, expert-conseil chez CGI aux Pays-Bas, Marcel Mourits aide les clients du secteur manufacturier de CGI à transformer leurs chaînes d’approvisionnement et leurs écosystèmes en mettant à profit les données, l’analyse et l’intelligence artificielle (IA). Dans ...