Il est très rare que l’on puisse retracer les origines d’un projet national d’infrastructure à un événement précis; le projet « Police National Database » fait exception.

En réaction à l'enquête Bichard

En 2002, au Royaume-Uni, deux enfants, Holly Wells et Jessica Chapman, ont été assassinées par Ian Huntley, le concierge de leur école. Sir Michael Bichard (maintenant lord Bichard) a conduit l’enquête publique se penchant sur ce crime et a recommandé en premier lieu que tous les corps policiers du Royaume-Uni mettent en commun les renseignements – observations, rapports et soupçons – qui se trouvent dans leurs systèmes individuels. Si une telle méthode avait déjà été en place, Huntley aurait probablement été perçu comme une menace pour les enfants beaucoup plus tôt.

Le Home Office, à titre de bureau principal offrant des services de soutien à l’échelle nationale aux corps policiers de première ligne, a géré la mise en œuvre du système maintenant connu sous le nom de Police National Database (« PND »). Ce dernier change la façon de travailler de la police britannique.

Les besoins du Home Office

Le regroupement des renseignements détenus par l’ensemble des corps policiers du Royaume-Uni était une tâche laborieuse nécessitant l’examen d’environ 200 bases de données différentes, et l’information contenue dans plusieurs d’entre elles était incompatible. Il ne s’agissait pas de simplement relier les bases de données, mais il fallait également convertir leurs contenus pour les rendre compatibles. Le système devait être complètement sécurisé afin qu’aucune personne non autorisée n’ait accès aux données

Le défi

Un système provisoire nommé Impact Nominal Index (« INI ») a été mis en œuvre. Il a permis aux corps policiers de savoir si d’autres corps détenaient de l’information sur un individu ou un événement. Cependant, pour accéder à cette information, il fallait en faire la demande par courriel ou par télécopieur et attendre jusqu’à deux semaines avant d’obtenir une réponse. La base de données PND qui s’ensuivrait devait assurer un accès facile et rapide à l’information.

Les 43 corps policiers indépendants d’Angleterre et du pays de Galles possèdent des données, tout comme les huit corps policiers d’Écosse, le service de police de l’Irlande du Nord, la British Transport Police et d’autres organismes nationaux d’application de la loi tels que la Serious Organized Crime Agency (« SOCA ») et le Child Exploitation and Online Protection Centre (« CEOP »). Les données sur les crimes, la garde d’enfant, la violence faite aux enfants et la violence familiale sont entreposées dans des centaines de bases de données indépendantes, partout au pays.

Regrouper toutes ces sources en une seule base de données cohérente et interrogeable était laborieux. Les corps policiers enregistraient les données sur les gens, les événements et même les couleurs de façon différente. Les noms ne sont pas toujours bien orthographiés et bon nombre de personnes qui figurent sur ces bases de données utilisent plusieurs pseudonymes. Les liens qui existent entre les personnes sont enregistrés différemment.

La base de données consolidée devait être protégée par des contrôles d’accès rigoureux et rendre possible sa mise à jour en temps quasi réel par chacune des autres bases de données.

Les données devaient également être révisées et chaque corps policier devait, par l’entremise du projet de gestion de l’information policière du Home Office, analyser ses données afin d’éliminer les duplications et les renseignements désuets avant de mettre les renseignements en commun pour PND.

La solution

CGI et le Home Office ont travaillé avec chaque corps policier et chaque organisme afin de normaliser leurs données à l’aide d’un programme spécialement adapté qui convertit automatiquement les différentes méthodes d’enregistrement des données en une seule méthode utilisée par PND. Ce programme a évité d’avoir à faire des changements manuels pendant plusieurs mois. Il a automatiquement converti les nouvelles données au format utilisé par PND et aide à relever plusieurs défis informatiques complexes inhérents au développement et à la mise en œuvre de PND. Il met également à jour la base de données centrale de façon automatique selon les caractéristiques des bases de données des corps policiers, soit lors de l’ajout de nouvelles données ou par lots quotidiens.

La base de données PND est hébergée dans un de nos centres sécuritaires de traitement des données et est reliée aux bases de données et aux terminaux des corps policiers par l’entremise d’un réseau entièrement crypté. Nous avons installé une fonction de recherche intelligente qui permet d’effectuer des recherches par personne, par sujet, par emplacement ou par événement. Cette méthode met donc en évidence les pseudonymes, les événements survenus sur une même route ou dans une même région et les complices connus ou présumés. La fonction de recherche permet également l’exploration d’autres possibilités, telles que les différentes orthographes d’un même nom ou la même date de naissance de personnes enregistrées en tant que distinctes, ce qui pourrait permettre de repérer une personne utilisant plus d’un nom.

Une véritable réussite

PND comble cette lacune et donne à la police une vue complète de l’information existante. L’obtention de renseignements, qui était auparavant très difficile à effectuer manuellement ou qui pouvait donner lieu à un délai de traitement pouvant aller jusqu’à deux semaines par l’entremise du système provisoire INI, se réalise maintenant en quelques minutes. Désormais, 12 000 utilisateurs inscrits peuvent établir, selon leurs droits d’accès, des liens entre les suspects, les événements et les emplacements.

Les résultats ont pu être observés quelques jours seulement après le lancement du système:

  • Détection, dans le sud du pays, d’activités illégales conduites par un groupe de crime organisé, originaire du nord du pays
  • Obtention de nouvelles données concernant plus d‘un tiers des délinquants sexuels recherchés enregistrés dans la région de Londres
  • Découverte d’information à propos d’infractions sexuelles commises sept ans auparavant, qui a mené à l’établissement de mesures de protection
  • Repérage d’activités illicites d’un important trafiquant de drogues dans plusieurs régions encadrées par différents corps policiers

Nous amorçons actuellement la deuxième phase du projet, au cours de laquelle les procédures analytiques seront appliquées aux données afin d’accélérer le travail de la police en leur donnant une vue directe des liens possibles entre les personnes, les sujets, les emplacements et les événements par l’entremise d’un format simple et graphique.

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