L’adaptation de la demande est l’une des nombreuses approches utilisées pour satisfaire à la demande croissante en électricité. La consommation d’énergie utile est cependant demeurée relativement stable au cours des dernières années. Cette approche est-elle donc toujours pertinente? Quel sera le rôle de l’adaptation de la demande à l’avenir?

D’abord, le recours croissant aux technologies à faibles émissions de carbone pourrait faire augmenter la consommation d’énergie utile de nouveau. Dans ce cas, l’adaptation de la demande fournirait aux opérateurs une souplesse accrue pour assurer la fiabilité du service, améliorer les capacités des ressources et fournir des services auxiliaires. Le recours à l’adaptation de la demande dans ces circonstances sera tout aussi utile à l’avenir qu’à l’heure actuelle. Mais la façon de mettre cette approche en œuvre changera probablement. Il faudra notamment se demander si les charges devraient être augmentées, réduites, ou si ces deux options peuvent s’appliquer. Il faudra également déterminer si cette décision doit se prendre de façon centralisée, ou par les propriétaires des appareils, ou les deux.

En matière de contrôle, l’adaptation de la demande peut être acheminable ou non. Dans le cas d’une adaptation de la demande acheminable, ou de contrôle direct des charges, les sociétés de services publics peuvent décider de réduire la charge en fonction du prix ou de la fiabilité ou peut-être des deux. Le client n’a alors pas accès à ces indicateurs et est généralement rémunéré sous forme de paiement annuel pour sa participation au programme. C’est ainsi qu’a été mise en œuvre l’adaptation de la demande par le passé et qu’elle est utilisée actuellement. Dans le cas d’une adaptation de la demande non acheminable, le client reçoit un signal de prix qui lui permet de prendre des mesures ou qui permet que des mesures soient prises automatiquement par un équipement préprogrammé (il peut choisir de refuser ou d’accepter les mesures proposées). Le consommateur ne réagit pas à l’état du système, mais aux prix indiqués.

L’industrie s’est engagée sur une voie qui comprend des enjeux importants pour le fonctionnement de ce secteur d’activité. Pour les fournisseurs d’électricité, les changements sont manifestes et les causes sous-jacentes (infrastructures vieillissantes et flexibilité des ressources) constituent des sujets pertinents dans le cadre de cette discussion. Le secteur dispose d’actifs matures et les systèmes de distribution ont été élaborés en partant du principe que leur finalité resterait la même que celle des années où ils ont été conçus. Mais ce postulat est aujourd’hui remis en cause en raison de l’augmentation des sources d’énergie renouvelable, de l’évolution des communications et de la numérisation, de l’ouverture des marchés de détail de l’énergie ainsi que de l’influence des médias sociaux et de la culture d’application.

Les changements s’opèrent de façon graduelle depuis plusieurs années et ont une incidence sur le fonctionnement des systèmes électriques. Les outils traditionnels sont remplacés par des appareils intelligents, augmentant ainsi la disponibilité des communications rapides et fiables à faible coût et contribuant à la numérisation du mode de vie des consommateurs. Mais l’effet cumulatif de ces développements, combiné aux occasions croissantes mises de l’avant par les nouvelles technologies et les modèles d’affaires émergents, génère des changements que les fournisseurs d’électricité doivent prendre en compte dans leur façon d’exercer leurs activités.

Par exemple, l’ouverture du marché de détail a conscientisé les consommateurs au sujet des prix de l’énergie ainsi que des autres options énergétiques. La façon dont ils interagissent actuellement avec leur fournisseur de services publics va au-delà du simple paiement mensuel de factures. La popularité des téléphones intelligents et des achats en ligne ont également rendu les consommateurs plus ouverts aux nouveaux modes de transaction et de communication avec leurs fournisseurs. Par ailleurs, les discussions au sujet du réchauffement climatique et des émissions de gaz à effet de serre les ont sensibilisés aux questions environnementales. Ces tendances ont favorisé l’utilisation accrue des énergies renouvelables, lesquelles contribuent également à modifier la façon dont le système électrique est exploité. Cependant, bien que la production ne se fasse actuellement pas de façon centralisée, le réseau a tout de même besoin de sources de remplacement pour l’énergie renouvelable (puisque celle-ci est tributaire de l’environnement et peut ne pas être toujours disponible).

Bien que le rythme actuel des changements semble gérable pour les fournisseurs, une augmentation de la fréquence de ces changements entraînera des répercussions accrues sur leurs activités. Les nouveaux appareils seront interconnectés et auront une incidence directe sur le système. Lorsque de nouveaux modèles et occasions d’affaires verront le jour à la suite de changements au sein de l’industrie, il y aura davantage de possibilités d’interaction et sans doute davantage de services permettant aux consommateurs de communiquer entre eux au sein du réseau. Mais il doit y avoir un équilibre entre l’offre et la demande, et l’adaptation de la demande permettrait d’offrir une solution souple et extensible lorsque les charges seront plus dynamiques. À l’heure actuelle, le principal obstacle à l’adaptation de la demande est le manque d’intérêt de la part des consommateurs. Soit on ne leur propose pas suffisamment de mesures incitatives pour participer aux programmes, soit ils n’ont pas accès aux programmes et services. Et sans appareils intelligents, les consommateurs ne bénéficient pas de la fonctionnalité de préréglage absolu (« réglez et oubliez »).

Il est également important de déterminer dans quelle proportion l’adaptation de la demande est souhaitable pour la gestion actuelle des réseaux et de vérifier s’il existe d’autres moyens pour arriver aux mêmes résultats. Mais quelle incidence la capacité d’ajuster la demande en fonction de l’offre a-t-elle sur les activités? L’adaptation de la demande peut être utilisée pour réduire les charges lorsque la production est insuffisante, mais aussi à augmenter la demande lorsqu’il y a un surplus d’énergie.

Pour assurer le succès de l’adaptation de la demande, l’établissement d’un équilibre entre l’offre et la demande d’électricité doit se faire de façon instantanée. Alors que nous passons d’une production centralisée où la société de services publics agit à titre de distributeur, et souvent aussi de vendeur d’énergie, vers un environnement au sein duquel se trouvent de nombreux vendeurs et acheteurs d’énergie, et que les acheteurs agissent aussi à titre de vendeurs, l’équilibre devient soudainement plus difficile à atteindre. Afin d’assurer l’efficacité de l’adaptation de la demande, il doit y avoir une quantité suffisante de charges à accroître ou à diminuer pour assurer une production équilibrée. Il est également nécessaire d’adopter une méthode de transmission des signaux de réponse concernant la fiabilité et les prix du marché vers les charges concernées. Comme mentionné par l’Institution of Engineering and Technology (IET) dans un récent rapport, des arrangements ad hoc ont fonctionné jusqu’à présent pour les changements au système global. Cependant, à mesure que les changements prennent de l’ampleur, une solution plus rigoureuse est requise. Les défis sont actuellement bien gérés, mais les changements sont de plus en plus nombreux et pourraient devenir des points critiques.

L’adaptation de la demande demeure un outil précieux. Je recommande vivement aux sociétés de services publics de se renseigner sur le sujet et d’élaborer des programmes à cet égard en créant des interactions automatisées avec les appareils intelligents afin d’avoir des outils en main lorsque ces points critiques seront atteints et que l’intérêt des clients se manifestera. L’important est de mettre des projets pilotes sur pied pour que les fournisseurs se familiarisent à la fois avec les aspects techniques et les réalités du marché de l’adaptation de la demande, qui deviendra, en fin de compte, un marché de détail visant à équilibrer l’offre et les prix de l’énergie en ayant recours aux appareils intelligents des consommateurs.

Vous pourrez en apprendre davantage à ce sujet puisque CGI publiera une série d’études techniques sur l’adaptation de la demande au cours des prochains mois. Lisez la première étude de cette série, The Demand Response Paradox, qui traite du paradoxe de l’adaptation de la demande (en anglais).

Ce blogue a initialement été publié en anglais sur le site Web d’Energati : http://www.engerati.com/blogs/importance-demand-response-electricity-providers.