Les objectifs de l’Industrie 5.0 en matière de prise de conscience et de durabilité nous obligent à repenser entièrement les opérations de fabrication. Dans la webdiffusion « Le pouvoir de l’unification », les experts de CGI Peter Warren, et Robert Ylitalo se joignent à Stefan Savonen, dirigeant de LKAB, et à Michael Nilsson, de l’Université technologique de Lulea, pour évoquer les changements qui s’opèrent dans le secteur manufacturier en raison de la transition énergétique.
La décarbonation : catalyseur de changements dans le secteur manufacturier
La mise en place d’opérations de fabrication durables passe par un système énergétique efficace. Stefan Savonen, vice-président principal chargé de l’énergie et du climat chez LKAB, la plus grande société publique européenne d’exploitation de minerai de fer, explique que l’élan vers la décarbonation dans le secteur manufacturier a commencé en 2016, avec la technologie de fabrication de fer à base d’hydrogène d’origine non fossile (HYBRIT). Fruit d’un effort conjoint des sociétés SSAB, LKAB et Vattenfall pour réduire les émissions de CO2 avec comme objectif de produire un acier sans énergie fossile d’ici 2035. Grâce à sa technologie HYBRIT, LKAB pourra remplacer le charbon ou le gaz naturel par l’hydrogène non fossile dans le processus de réduction abaissant ainsi l’empreinte carbone de la chaîne de valeur jusqu’à 50 millions de tonnes par an en 2050.
Même si les fabricants peuvent s’adapter différemment, selon leur situation géographique, pour Stefan Savonen une chose est claire : « La volonté de décarbonation est là. Si vous ratez le coche, vous risquez de rester à la traîne ».
Michael Nilsson, chef de projet à l’Université technologique de Luleå, en Suède, partage cet avis. « Les plus grands consommateurs d’énergie, tels que les centres de traitement de données, sont tout à fait conscients de la nécessité de suivre une philosophie en faveur de l’énergie verte pour leurs services. Ils comprennent qu’un milliard d’utilisateurs pourraient partir d’un simple clic s’ils n’essaient pas d’être écoresponsables, de sauver la planète et de consommer plus efficacement l’énergie ».
Obtenir plus d’énergie locale et adopter une approche circulaire
Bien que tous les secteurs d’activité cherchent à devenir carboneutres, Peter Warren, de CGI, suggère quant à lui que, pour réussir, il leur faudra non seulement utiliser des formes d’énergie alternatives, mais aussi acheter et créer plus d’énergie locale, ce qui a une incidence importante sur la chaîne de valeur de l’organisation.
C’est la raison pour laquelle, LKAB utilise des actifs régionaux, comme l’énergie éolienne et l’hydroélectricité, plutôt que de se fournir en charbon et en pétrole à l’étranger. « Notre chaîne de valeur est raccourcie et nous prenons en charge une plus grande partie du processus », explique Stefan Savonen. Une entreprise qui se montre plus responsable est susceptible d’accroître ses activités commerciales.
Nous développons également de nouvelles activités comme l’utilisation de nos déchets, afin de devenir circulaires, une pratique que Michael Nilsson approuve. « Utiliser des produits qui étaient considérés jusqu’à présent comme des déchets est devenu un véritable atout ».
Le rôle des données dans les environnements axés sur le développement durable
La collecte de données constitue un critère de plus en plus important pour déterminer la durabilité d’un produit. Selon Robert Ylitalo, de CGI, le suivi des données aide les entreprises à prouver qu’elles respectent l’environnement. Elles doivent donc collecter des données précises sur chaque étape du processus de production, depuis l’utilisation des matières premières, jusqu’au produit final qui se retrouve entre les mains des utilisateurs.
« Vous ne pouvez pas obtenir de meilleurs prix si vous n’êtes pas en mesure de prouver que vous êtes écologique. Vous ne pouvez pas bénéficier d’une exonération fiscale si vous n’êtes pas en mesure de prouver que vous êtes écologique. Vous devez ensuite connecter l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, par une sorte de pacte écologique, pour garantir que l’entreprise a livré un produit vert », explique Robert Ylitalo.
Michael Nilsson ajoute que l’étape suivante consiste à élaborer une norme sur laquelle les fabricants et les consommateurs s’accordent et à laquelle ils se conforment pour vérifier que les fabricants respectent ces normes à toutes les étapes de la chaîne d’approvisionnement.
Quelles mesures les fabricants doivent-ils prendre?
Sur les prochaines étapes à franchir dans le cadre de la transition énergétique, les membres du groupe ont donné quelques conseils.
- Stefan Savonen : Si vous avez commencé cette transition, accélérez-la. Si vous ne l’avez pas commencée, il est temps de vous mettre au travail. Le climat est une force motrice, mais les affaires jouent également un rôle important. Il y a là une énorme opportunité commerciale à saisir pour l’entreprise, pour vous-même et pour votre propre bien-être… il n’y a pas de temps à perdre.
- Michael Nilsson : Pour les entreprises qui se demandent comment faire partie de cette transition écologique, faites cet exercice pour évaluer votre situation : avant, pendant et après. Avant : quelle énergie utilisez-vous dans l’entreprise? Cela peut changer. Pendant : comment se déroule le processus de fabrication dans l’entreprise? Son efficacité est-elle optimale? Après : le produit ou le service final est-il suffisamment éco-efficace?
- Robert Ylitalo : Ce changement est un cheminement de groupe. Alors, où que vous soyez, quoi que vous fassiez, encouragez les gens à se former, à apprendre, à changer et à suivre ce cheminement.