Arnaud Weisbecker

Arnaud Weisbecker

Vice-Président en charge des activités CIO Advisory et Conduite du Changement – CGI Business Consulting

Une transformation Cloud ne se résume pas à une migration massive d’applications vers un modèle multi-cloud. Pour réussir, il faut de la préparation, un leadership renforcé et un ajustement opérationnel de toute l’entreprise. Focus sur trois bons réflexes qui permettent de (vraiment) réussir sa transformation vers le cloud…

Intégrer le Cloud dans la stratégie d’entreprise

Une entreprise, surtout en temps de crise, doit adapter son mode de fonctionnement pour survivre. Positionnement stratégique, valorisation des données, offre de services, repriorisation des projets, modèle opérationnel et même rémunération des actionnaires :  autant de sujets sur lesquels les organisations doivent se réinventer. 

Un des leviers est le recours au Cloud et l’actualité en renforce la pertinence : IDC prévoit une augmentation de 16% des investissements annuels sur ce marché d’ici 2024. Cette évolution nécessite aussi d’aligner les processus de fonctionnement de l’entreprise, son mécanisme de production (Build/Run), ses compétences et son équilibre financier (refacturations internes, opexification des budgets SI).

Dans cet univers, certains sont plus avancés que d’autres, quelques sociétés ont résolument choisi une stratégie datacenterless quand d’autres en sont à mettre en place des standards d’éligibilité et d’autres encore à agiliser leur modèle opérationnel de RUN. Mais quel que soit leur maturité, les entreprises qui progressent ont inscrit le Cloud dans leur stratégie d’entreprise et pas seulement dans le backlog des responsables d’exploitation.

Associer les usages à un sourcing multi cloud et un SI hybride  

Les usages SaaS ont accéléré il y a une dizaine d’années sous l’impulsion d’éditeurs. Puis les investissements pharaoniques d’Amazon ont dynamité progressivement le monde de l’infrastructure puis du middleware. Le schéma traditionnel SPI (Saas, Paas, Iaas) est maintenant bien poreux dans un écosystème de centaines d’entreprises et de consolidations régulières (Red Hat/IBM, Pivotal-Vmware/Dell, etc.).

Du Cloud privé pour optimiser le SI et garder à l’abri les données critiques, nous avons assisté à l’accélération du Cloud public avec ses économies d’échelle et le prix bas de ses Virtual Machines, mettant parfois de côté les considérations de sécurité des données. En 2012 (avec le projet Andromède) et en 2020 on remet le cloud souverain au centre du débat avec le communautaire GAIA-X.  

Le fait est que le marché est aujourd’hui mature et que le pragmatisme prévaut. Les usages se tournent vers le Cloud hybride associé à une répartition des ressources sur les providers les plus adaptés avec une tendance qui se renforce vers la souveraineté des données. Bref, une stratégie multi-cloud où le « legacy on premise » a toujours sa place.

Ce SI hybride nécessite néanmoins de repenser le modèle opérationnel car les cycles de vie et le pilotage des opérations ne sont pas les mêmes entre un SI traditionnel et un SI cloudifié. Si le choix de diversifier son sourcing Cloud semble opportun, il ne va pas sans une adaptation des expertises.

Se forger une vision de bout en bout

Il est parfois tentant de réduire la transformation par le Cloud à une industrialisation des migrations applicatives ou à une virtualisation des serveurs en sous-traitant les ressources à un intégrateur et à un service provider. Nous constatons régulièrement que les organisations n’ont pas anticipé le « transfert de compétences » et initié l’orchestration de bout en bout de ces nouveaux services.

Un grand acteur des transports a décidé il y a 2 ans de frapper fort et de migrer 100% d’un parc applicatif auprès de trois grands clouders. Aujourd’hui très peu d’applications sont migrées : connaissance parcellaire des architectures et des adhérences inter-applicatives, gouvernance des données, éligibilité du portage de l’existant ou des nouveaux besoins, arbitrage difficile sur la modernisation (rehosting, replatformining, recoding, cloud native, etc.), sont parmi les facteurs qui ont freiné cette dynamique.

Concevoir et partager une stratégie d’entreprise utilisant le levier du Cloud nécessite donc de partager les usages critiques à couvrir, embarquer tous les acteurs dès le début, challenger les business case et assurer le bon niveau de management des services. Les stratèges d’entreprises doivent travailler en équipe avec ceux qui exploitent pour que l’expérience du Cloud soit une réussite.

A PROPOS DE L'EXPERT

Arnaud Weisbecker

Arnaud Weisbecker

Vice-Président en charge des activités CIO Advisory et Conduite du Changement – CGI Business Consulting

Arnaud Weisbecker est Vice-président en charge des activités CIO Advisory et Conduite du Changement chez CGI Business Consulting. Depuis plus de 20 ans, il a accompagné les directions métiers et les directions des systèmes d’information dans leur ...