La Finlande accélère son programme d’hydrogène, mais cette technologie présente-t-elle un réel potentiel? La question a été examinée lors de l’événement Ratkaisu 21* de CGI, qui s’est tenu virtuellement cette année*.

Organisée par Riku Rokala, directeur commercial de CGI en Finlande, la table ronde** a mis en lumière les perspectives qu’offre l’économie de l’hydrogène et l’incidence sur les activités des entreprises et la compétitivité de la Finlande.

Jarmo Partanen, professeur de génie électrique à l’Université des sciences appliquées (LUT), présente un point de vue universitaire sur l’échange.

Dans l’économie de l’hydrogène, l’hydrogène vert est produit à partir de sources d’énergie renouvelables. La production d’hydrogène vert nécessiterait une importante augmentation de la production d’électricité sans émission en Finlande. L’énergie éolienne est la principale matière première de l’hydrogène vert.

En utilisant le dioxyde de carbone de l’industrie forestière, l’hydrogène pourrait être synthétisé pour produire du méthanol synthétique, et du méthane comme carburant ou pour l’industrie chimique. La demande pour ces produits devrait augmenter puisque l’électrification du transport aérien, par exemple, semble peu probable.

« La clé de la solution réside dans une réglementation en phase avec les objectifs climatiques pour stimuler le marché et influencer le cours des choses », explique M. Partanen.

L’hydrogène vert procure croissance et avantage concurrentiel

Neste s’engage à être carboneutre d’ici 2035, ce qui nécessite de l’hydrogène propre. Les processus de production de Neste utilisent déjà ce que l’on appelle l’hydrogène gris, qui est fabriqué à partir de gaz naturel et libère encore beaucoup de dioxyde de carbone. Les options futures comprennent la captation et le stockage des émissions de CO2 (hydrogène bleu) et la construction d’une usine d’électrolyse dédiée à la production d’hydrogène vert.

« L’hydrogène vert apportera les avantages environnementaux souhaités et rendra les produits plus écologiques. Réduire l’intensité carbonique des produits permettra aussi un meilleur retour sur investissement. Ces choix sont motivés par des considérations commerciales et de durabilité », affirme Outi Ervasti, vice-présidente, Hydrogène renouvelable et conversion de l’électricité chez Neste.

L’économie de l’hydrogène et l’atteinte des objectifs d’émissions qui l’appuient figurent au programme politique de l’UE. La Finlande a connu un départ plus lent que les pays d’Europe centrale, mais avec le soutien du gouvernement, elle peut combler l’écart. Elle sera également stimulée par une grappe nationale du secteur de l’hydrogène dirigée par les entreprises.

« L’investissement est un défi bien réel, et il est difficile de le mettre en place en l’absence de subventions. En matière de demande, les marchés émergents ont besoin d’une réglementation pour l’immédiat. À titre d’exemple, les carburants synthétiques et la conversion de l’électricité sont actuellement plus chers que les biocarburants », illustre Mme Ervasti, qui préside la grappe du secteur de l’hydrogène.

Exploiter les forces nationales

La production d’énergie durable comme l’énergie éolienne nécessite des options de transmission et de stockage pour lesquelles l’hydrogène vert offre une solution à grande échelle. Ces investissements d’un milliard d’euros sont effectués indépendamment les uns des autres et fourniront à la Finlande un moyen de réduire de façon importante ses émissions nationales de carbone ainsi que de créer des activités d’exportation.

« La structure des coûts de l’économie de l’hydrogène est influencée par l’utilisation des éléments connexes de la production d’hydrogène, soit la chaleur et l’oxygène. Nous devons aussi pouvoir les utiliser pour améliorer la rentabilité de nos opérations », expose Herkko Plit, PDG de P2X Solutions.

La Finlande compte bon nombre de facteurs nécessaires à la construction d’une économie d’hydrogène. L’énergie éolienne est suffisante, le secteur des affaires possède de l’expérience dans l’utilisation de l’hydrogène et les industries finlandaises des technologies et des procédés sont solides. Il existe également des sources suffisantes de dioxyde de carbone dans l’industrie forestière pour produire des carburants synthétiques, et un solide réseau de transport d’électricité s’ajoute à l’excellente tradition industrielle. Nous devons en tirer parti dès maintenant pour élaborer des solutions nouvelles et importantes sur le plan commercial.

« Nous prévoyons des milliards d’euros d’investissements dans l’énergie éolienne au cours des dix prochaines années. Il y aura une grande production d’énergie éolienne, mais elle ne sera pas rentable s’il n’y a pas de stockage à grande échelle. Or, pour y arriver, il faut de l’hydrogène », conclut M. Plit.


**Ratkaisu (qui signifie « solution » en Finlande) est un rassemblement annuel organisé par CGI en Finlande qui attire environ 1 000 dirigeants d’entreprises.

**En finnois.