Chez CGI, nous entretenons d’étroites collaborations avec des universités et des établissements d’enseignement supérieur du monde entier pour faire évoluer l’innovation et la recherche et inspirer la nouvelle génération de professionnels des TI. Aux Pays-Bas, nous avons établi un partenariat avec la Fraunhofer Innovation Platform for Advanced Manufacturing de l’Université de Twente afin de participer à des projets novateurs axés sur les données dans le secteur manufacturier.

Dans cet article publié récemment dans la revue universitaire InnovatieNu 07 / Fraunhofer Innovation Platform*, Fokke van Houten, directeur-conseil expert en gestion et maintenance de la performance des actifs, évoque la convergence entre les personnes, la technologie et le secteur manufacturier ainsi que l’avenir du monde du travail dans ce secteur.

Dans quelle mesure la transformation numérique dans le secteur manufacturier a-t-elle une incidence sur la main-d’œuvre du secteur? Les conséquences pourraient être plus importantes qu’on ne le soupçonne.

Comment les fabricants peuvent-ils anticiper cela?

La transformation numérique est une priorité absolue pour ce secteur. Pourquoi? Parce que la demande des clients et les attentes croissantes en matière de diversité, de qualité, de sécurité et de durabilité des produits sont en constante évolution, ce qui nécessite des processus de fabrication efficaces et adaptatifs.

La transition vers une adoption souhaitable du numérique est un enjeu de taille pour de nombreux fabricants. La mise en œuvre progressive et structurée de nouvelles technologies dans le secteur de la production, qui répond à la fois aux besoins de la situation actuelle et contribue à un professionnalisme souhaitable, est déjà un défi en soi.

Aujourd’hui, le facteur humain joue un rôle important dans les processus de fabrication, et il continuera d’en être ainsi dans l’avenir prévisible. Bien sûr, les règles du jeu changent et l’environnement de production numérisé impose aux travailleurs d’autres exigences en matière de connaissances et de compétences, mais ces derniers continueront d’être indispensables aux fabricants et aux entreprises de production.

Aujourd’hui, le facteur humain joue un rôle important dans les processus de fabrication, et il continuera d’en être ainsi dans l’avenir prévisible.

La transformation numérique dans le secteur manufacturier exige que l’on se concentre sur quatre aspects essentiels : Processus; Organisation et personnel; Technologie; et Information et données (POTI). Cet article se concentre sur l’aspect organisationnel et humain.

MOM Maturity Levels

Les quatre aspects principaux de la transformation numérique sont : les processus; l’organisation et le personnel; la technologie; et l’information et les données (POTI)

Quelles sont les principales évolutions liées à la main-d’œuvre dans le secteur manufacturier?

 

Vieillissement de la main-d’œuvre

Au cours de la dernière décennie, la main-d’œuvre, soit les personnes âgées de 15 à 75 ans, a grossi de plus d’un demi-million. Elle ne comptera plus que 130 000 personnes dans les dix prochaines années. L’effet du relèvement de l’âge de la retraite est minime. Cela signifie que le nombre de personnes âgées de 15 à 75 ans continuera également de diminuer. Parallèlement, la proportion de personnes âgées au sein de la population active augmente. En général, les travailleurs âgés travaillent moins souvent et moins d’heures par semaine. Le vieillissement de la population entraînera-t-il une pénurie de main-d’œuvre? Cela dépend du nombre de personnes qui travaillent, du nombre d’heures travaillées et des besoins en matière de productivité du travail par rapport à la productivité réelle du travail. (source CBS.)

La transformation numérique dans le secteur de la production ne se traduira pas nécessairement par une augmentation de la productivité du travail, mais plutôt par une efficacité accrue de la main-d’œuvre. En d’autres termes, la capacité de réaliser la même production avec moins de main-d’œuvre. Mais cela permettra-t-il d’atténuer totalement les effets négatifs du vieillissement? La transformation numérique dans le domaine de la production nécessite des investissements considérables qui devront être rentabilisés, ce qui aura pour effet d’exercer une pression sur le modèle de revenus. Une possible conséquence est la nécessité de devoir produire davantage, entraînant à nouveau une augmentation des besoins en personnel.

La transformation numérique dans le secteur de la production ne se traduira pas nécessairement par une augmentation de la productivité du travail, mais plutôt par une efficacité accrue de la main-d’œuvre.

Pénurie de main-d’œuvre

Le marché du travail actuel est déjà très tendu. Pour les employeurs cela signifie qu’ils doivent demeurer suffisamment concurrentiels et intéressants pour les employés actuellement en poste. Lorsqu’un employé quitte son entreprise, une grande partie de ses connaissances et de son expérience part avec lui, entraînant une pénurie de compétences et mettant en péril la compétitivité de l’entreprise. Il est donc primordial de faire en sorte que les employés actuels restent dans l’entreprise. Nous constatons que le taux de roulement est relativement faible dans les entreprises qui accordent une attention constante au bien-être de leurs employés.

Cependant, le bien-être des employés ne se mesure pas seulement aux avantages principaux et secondaires qu’ils reçoivent. Il est tout aussi important de faire attention à la personne qui se trouve derrière l’employé et à ses besoins. Un poste stimulant, correspondant aux besoins et aux compétences de l’employé, comportant des tâches et des responsabilités appropriées, permet de maintenir un niveau de motivation et d’engagement élevé. C’est précisément la raison pour laquelle le facteur humain fait partie intégrante du changement. Heureusement, la transformation numérique offre de nombreuses opportunités aux employés en leur permettant d’évoluer vers des fonctions plus adaptées et plus stimulantes.

Un poste stimulant, correspondant aux besoins et aux compétences de l’employé, comportant des tâches et des responsabilités appropriées, permet de maintenir un niveau de motivation et d’engagement élevé.

Rétention et développement des connaissances

Une adoption plus importante du numérique dans le secteur manufacturier exige un personnel plus qualifié et plus expérimenté. Cela ne signifie pas nécessairement un changement de personnel, mais plutôt de placer le développement continu des compétences et des connaissances de la main-d’œuvre de l’entreprise au centre des priorités. Il faudra passer à un autre type de main-d’œuvre au fur et à mesure que l’environnement de travail continue de se numériser. Il est essentiel d’assurer un bon équilibre entre la « maturité » de l’environnement de production et les tâches et responsabilités des employés. Un plan de transition clair et concret vers une maturité de la production numérique peut s’avérer très utile à cet égard.

Il est toujours aussi important de se concentrer sur le recrutement de nouveaux employés. De plus en plus d’entreprises manufacturières cherchent à établir des liens avec les grandes écoles et les universités afin d’attirer les étudiants vers le marché de l’emploi du secteur manufacturier. Lorsque ceux-ci sont impliqués très tôt dans le processus de transformation numérique des entreprises manufacturières et qu’ils apportent une contribution d’importance, cela augmente leurs probabilités d’embauche par la suite.

Les entreprises manufacturières perdent de précieuses connaissances lorsque des employés quittent l’entreprise. Elles tentent donc de sécuriser ces connaissances de différentes manières. À cet égard, la transformation numérique offre des occasions et des solutions. Par exemple, les solutions les plus simples consistent à sécuriser les connaissances en mettant en place des processus et des organigrammes ou en proposant des vidéos de formation. On trouve souvent des solutions similaires dans les entreprises manufacturières qui se situent encore à un faible niveau de maturité. Nous voyons également de plus en plus de fabricants sécuriser les connaissances opérationnelles les plus précieuses à l’aide de jumeaux numériques, de l’apprentissage automatique et de l’intelligence artificielle; facteurs de croissance de la maturité numérique. Ainsi, en enregistrant les actions et les événements importants des employés, les entreprises manufacturières conservent des informations précieuses.

Il est essentiel d’assurer un bon équilibre entre la « maturité » de l’environnement de production et les tâches et responsabilités des employés. Un plan de transition clair et concret vers une maturité de la production numérique peut s’avérer très utile à cet égard.

Principaux éléments à retenir

La transformation numérique est indispensable pour les entreprises manufacturières. Elle permet, d’une part, de répondre à l’évolution rapide de la dynamique du marché afin de maintenir une position concurrentielle et, d’autre part, d’accroître la productivité de la main-d’œuvre afin de pallier les tensions du marché du travail, en partie causées par le vieillissement de la population.

La transformation numérique ne se limite pas qu’à la technologie et aux données. Un plan de transition précis et concret pour atteindre un niveau de maturité de la fabrication numérique doit inclure les quatre aspects POTI et maintenir l’entreprise et les employés au centre du processus. Une approche progressive conforme à la vision et à la stratégie de l’entreprise permettra de mettre en place des solutions pour répondre aux défis que représentent la rétention et le développement du savoir des employés.