Depuis la mise à disposition des premières offres "Infrastructure-as-a-Service" (IaaS) jusqu’aux derniers services dit "sans serveur", les innovations apportées par le cloud ont accéléré la transformation numérique des entreprises.
Parmi les principaux bénéfices du cloud : une meilleure adaptation à l’activité grâce à l’élasticité et la scalabilité des architectures, une présence mondiale permettant d’offrir des temps de réponse adaptés suivant la localisation des utilisateurs, des services managés permettant une maintenance et un support moins importants ainsi qu’un meilleur ROI et des investissements lissés par le passage d’un mode CAPEX vers un mode OPEX. Les gains financiers existent aussi : comme le montre un comparatif réalisé par CGI pour une plateforme de traitement et de diffusion de données d’un client, l’équivalent dans le cloud peut coûter jusqu’à 50% moins cher. Néanmoins, les gains ne sont pas toujours au rendez-vous…
Coûts réels, coûts cachés
Parmi les coûts évidents, on retrouve les coûts d’infrastructure, humains et logiciels. Pour l’infrastructure, il s’agit des coûts de location en ressources calcul, mémoire, stockage, réseau dont les transferts sortants sont facturés à la différence des transferts entrants. Concernant les coûts humains, si l’utilisation de services cloud allège la charge des équipes d’exploitation, de nouvelles charges apparaissent : montée en compétence, industrialisation des processus, etc. De plus, des coûts cachés sont souvent induits par de mauvaises pratiques : dimensionnement ou usage non « contrôlé », difficultés à tirer profit des capacités du cloud avec le patrimoine existant, changement de politique tarifaire, options de sécurité ou contraintes réglementaires, réversibilité, etc. Enfin, la bascule vers le cloud étant progressive, il y a un surcoût au départ puisque deux infrastructures coexistent en parallèle.
Une tarification qui évolue régulièrement
Depuis l’apparition du cloud au début des années 2000, les prix ont constamment diminué en raison de la baisse des coûts du matériel et de la forte concurrence. Le leader du marché a par exemple baissé ses prix 106 fois entre 2006 et 2021[i]. Depuis 2021, la tendance est à la hausse : augmentation directe, transfert d’options de base vers premium, changement du modèle de calcul, répercussion des taux de change… Pourtant, il existe de nombreux leviers pour contenir cette hausse. D’une part, les fournisseurs dégagent des marges confortables (30% en moyenne). D’autre part, l’usage des services cloud ayant rapidement progressé, il y a maintenant matière à rationaliser et à optimiser. Le principal axe de réduction est l’utilisation de contrats avec engagement de volume de consommation. Cela a l’avantage de bloquer les prix et d’obtenir des tarifs inférieurs. Mais il faut rester vigilant car cela peut devenir contraire au principe de consommation à l’usage. Enfin, dans un marché de quasi-monopole et avec une tendance haussière sur les tarifs, il est important de limiter la dépendance à un fournisseur.
La nécessité d’optimiser
Migrer son infrastructure vers le cloud ne doit pas être systématique. Quelques organisations ont d’ailleurs opéré un retour en arrière, généralement celles qui consomment beaucoup et qui ont les compétences nécessaires en interne pour opérer une infrastructure cloud. C’est le cas de Dropbox en 2017 (retour dans son propre centre de données) ou de Uber plus récemment (mise en place d’une infrastructure hybride multicloud). La question doit être posée au départ et surtout régulièrement : c’est le cas des jeunes entreprises qui se développent sur une infrastructure cloud pour limiter leur effort d’investissement au départ puis qui se posent la question de construire leur propre infrastructure une fois leur taille critique atteinte. Le cloud étant facturé à l'usage, il est nécessaire de mettre en place une gouvernance et des processus d’optimisation financière (FinOps). On estime aujourd’hui qu’environ 30% des dépenses pour le cloud sont du gaspillage[ii]. Si la migration vers le cloud permet d’optimiser les coûts, les gains ne sont pas au rendez-vous sans revoir une partie des processus de l’entreprise, a minima de la DSI. Les bénéfices tirés d’un projet de ce type sont aussi liés à la transformation associée.