IA : « Veiller à ce que l’humain reste au cœur de la transformation »

En 2024, les chatbots ont marqué un tournant dans l’amélioration de l’accès à l’information, et, sans surprise, cette dynamique se poursuit en 2025. Les systèmes d’IA deviennent de plus en plus autonomes, personnalisés, capables de répondre à des besoins complexes en temps réel. L’optimisation des modèles d’IA, l’éthique de leur intégration et leur diversité seront des axes stratégiques incontournables en 2025. Panorama avec Kevin Beaugrand, Directeur technique et spécialiste IA au sein de CGI.  

CGI : L’intelligence artificielle est un sujet très présent dans les discussions. Comment la voyez-vous évoluer en 2025 ?

Kevin Beaugrand : Depuis plus de deux ans, l'IA fait effectivement l’objet d’une grande attention, aussi bien dans le monde de la tech qu’auprès du grand public. Perçue par certains comme un levier majeur d’accélération de la productivité et par d’autres comme une véritable révolution technologique, l’IA s’impose désormais comme un facteur incontournable de transformation. Contrairement à d'autres innovations technologiques éphémères, l'IA confirme sa trajectoire ascendante et continuera de faire parler en 2025. L'année 2024 a été marquée par une explosion de chatbots de recherche, ce qui témoigne de la volonté des entreprises d'améliorer l'accès à l'information et l'interaction avec les utilisateurs. Cette tendance s'inscrit dans une évolution vers des systèmes plus autonomes, personnalisés et capables de répondre à des besoins complexes en temps réel.

CGI : Quelles sont les principales tendances qui feront l’IA en 2025 ?

K.B. : En 2025, plusieurs dynamiques se dessinent. En particulier, l’optimisation des modèles d’IA, la diversification des agents intelligents et l’intégration éthique et durable de ces technologies apparaissent comme des axes stratégiques clés. Les entreprises, face à un contexte économique et géopolitique incertain, sont plus que jamais enclines à adopter des solutions d’IA capables de générer une valeur tangible tout en respectant des normes de gouvernance strictes. L’IA devient ainsi un pilier fondamental de l’innovation et un moteur de transformation organisationnelle. Cette évolution redéfinit les modèles économiques, les modes de travail et les interactions humaines à l’ère numérique.

CGI : On entend beaucoup parler d’intelligence artificielle plus responsable ? Que pouvez-vous nous en dire ?

K.B. : Les modèles de langage continuent de repousser les limites de leurs performances fonctionnelles. En parallèle, l’émergence de nouvelles architectures et techniques d’apprentissage permet de concevoir des modèles de raisonnement qui surpassent nettement ceux de l’année précédente, tout en réduisant considérablement leur taille et les ressources nécessaires à leur exécution. Cette optimisation ouvre la voie à des solutions d’IA plus durables et permet de se détacher de la dépendance aux grands modèles exclusivement hébergés sur le cloud. L’Open Source contribue également à cet élan en partageant massivement ses recherches, accélérant l’évolution du paysage. Ces éléments ont été déterminants lors du « Sommet de l’action pour l’IA » qui s’est tenu il y a quelques jours à Paris. En 2025, une myriade d’agents émergera, composés de petits modèles spécialisés capables de résoudre des tâches complexes et de fournir aux métiers un accès fiable et direct aux connaissances.

CGI : L’IA permet-elle réellement d’accélérer l’accès à la connaissance et la productivité dans les entreprises ?

K.B. : L’IA permet effectivement un accès quasi instantané à un savoir global, ce qui renforce rapidement les compétences des collaborateurs. Elle facilite également le partage des meilleures pratiques et expertises, réduisant ainsi le risque de réinventer ce qui existe déjà et permettant une amélioration continue des processus. Cependant, cette révolution technologique soulève des défis importants. Si l’IA facilite l’accès à la connaissance, elle entraîne également des risques de mauvaise gestion de l’information. Il devient donc essentiel de repenser, demain, la formation des collaborateurs, d’identifier les dangers liés à l’appauvrissement des savoirs humains et d’encourager un regard critique face à l'IA.

CGI : Qu’en est-il de la performance de l’IA dans les processus d’entreprise ? Comment voyez-vous son adoption croissante ?

K.B. : En 2024, de nombreuses entreprises ont investi dans l’IA à travers des projets souvent restés à l’état de preuve de concept. Bien que ces premières étapes aient été cruciales pour amorcer l’adoption de la technologie, elles n'ont pas encore permis de générer une réelle valeur. Cependant, 2025 marque un tournant. Les entreprises devront passer à une phase de transformation radicale, dans un environnement économique mondial marqué par des incertitudes. L’IA devient un levier stratégique pour améliorer la productivité et permettre aux organisations de rester compétitives. Une étude menée par CGI auprès de 1800 de ses clients dans le monde révèle que IA et Data sont désormais perçues comme des catalyseurs essentiels pour la création de valeur et l'apport d’insights stratégiques.

CGI : Pour conclure, comment voyez-vous l’avenir de l’IA dans les deux/trois années à venir ?

K.B. : L’année 2025 s’annonce comme une étape charnière pour l’IA, où elle passera de l’expérimentation à une véritable intégration dans les processus métiers. Cela apportera des bénéfices tangibles pour les entreprises, mais soulèvera également des défis importants en matière de gouvernance, de sécurité et d’éthique. Pour exploiter pleinement ces innovations, les entreprises devront mettre en place des stratégies ambitieuses et veiller à ce que l’humain reste au cœur de la transformation. L’IA n'est plus une technologie de niche, mais un moteur de transformation pour les entreprises et pour la société dans son ensemble.