Une approche de cycle de vie visant à préparer la main-d’œuvre de demain
Le travail du futur dans le secteur de l’énergie ne sera pas alimenté par une main-d’œuvre plus nombreuse, mais par une main-d’œuvre plus ingénieuse – conçue dans un but bien précis, alignée sur les cycles de vie des actifs, et orchestrée par des personnes au cœur de systèmes de plus en plus automatisés.
Dans les articles précédents de cette série – Des défis à venir, Des occasions à saisir, La transition énergétique et Les technologies émergentes –, nous avons décrit les forces externes qui refaçonnent la main-d’œuvre et les changements internes que doivent apporter les entreprises. Nous avons exploré la conception axée sur l’automatisation, les jumeaux numériques, la diminution du bassin d’employés et la hausse de l’approche qui consiste à placer l’humain au centre des activités : un généraliste compétent qui supervise des activités complexes réalisées au moyen de systèmes intégrés numériques, hybrides et existants.
Cet article propose un passage à l’action.
Nous présentons un modèle pratique fondé sur le cycle de vie classique des actifs pétroliers et gaziers en amont : développement, construction, exploitation, maintien, mise hors service et soutien. Chaque phase génère des besoins distincts en main-d’œuvre – et des occasions différentes de réinvention. Comprendre comment évolue le travail à travers ce cycle permet aux sociétés d’énergie de mieux concevoir les rôles, cibler les investissements et préparer la transition des opérations existantes.
Le modèle du cycle de vie des actifs
Le secteur pétrolier et gazier en amont est structuré selon les étapes du cycle de vie des actifs – chacune présentant des besoins particuliers en main-d’œuvre, des contraintes numériques, et des occasions de transformation.
Le modèle en cinq étapes – développement, construction, exploitation, maintien, mise hors service et soutien – offre une structure pour repenser la main-d’œuvre de demain. Par exemple, des puits en développement peuvent intégrer les dernières capacités numériques, mais deviennent des actifs en exploitation : rigides, coûteux à interrompre et souvent désuets sur le plan technologique.
Les étapes du cycle interagissent souvent de manière asynchrone. Un actif peut être construit selon les normes modernes mais exploité avec des pratiques anciennes. Un puits en fin de vie peut dépendre d’un technicien expérimenté, sans plan de transfert numérique. Pour s’y adapter, les entreprises doivent viser une main-d’œuvre capable de suivre l’évolution des actifs tout au long de leur cycle de vie.
La main-d’œuvre de demain par étape du cycle de vie
Développement
Aux premières étapes, les décisions les plus tournées vers l’avenir doivent être prises. Intégrer l’automatisation, les flux numériques et les opérations fondées sur les données dès le départ est essentiel. Cette phase requiert des planificateurs numériques, des scientifiques des données, des modélisateurs de sous-sol et des penseurs systémiques. Le risque : retomber dans des processus obsolètes. Une conception tournée vers l’avenir combine innovation technique et faisabilité opérationnelle.
Construction
La construction est souvent déléguée à des prestataires soumis à des contraintes de sécurité et de coûts. Mais cette phase constitue un pont vers les opérations futures. Elle exige des outils numériques, des plateformes mobiles et la saisie de données de terrain qui alimenteront les systèmes opérationnels. Construire intelligemment, c’est intégrer des capteurs, documenter les données numériques de l’ouvrage, et préparer le socle numérique de demain.
Exploitation
Les opérations sont le cœur de la production quotidienne, mais leur rôle évolue. Face à l’automatisation et aux obligations climatiques, les opérateurs doivent combiner anciens systèmes et nouvelles technologies. La main-d’œuvre de demain place l’humain au centre : des généralistes aptes à superviser l’automatisation, à valider les résultats de l’IA et à prendre des décisions en temps réel. Avec des effectifs réduits, la vision d’ensemble prime sur la spécialisation étroite.
Maintien
Le maintien vise à prolonger la vie utile des actifs tout en maîtrisant les coûts. Il repose sur l’équilibre entre savoir-faire traditionnel et outils modernes : maintenance prédictive, inspections à distance, flux numériques. Le modèle hybride s’impose : des équipements anciens augmentés par des capteurs, des drones et l’IA. Le travailleur ici est polyvalent, agile, et maîtrise tant le diagnostic physique que numérique. Ces rôles sont essentiels à la résilience des opérations.
Mise hors service
La mise hors service concerne principalement les puits. L’objectif : les abandonner à faible coût et en conformité. Ce travail est souvent confié à des tiers spécialisés. La main-d’œuvre y est réduite, disciplinée et axée sur la conformité, moins numérique mais hautement rigoureuse. La mise hors service devient un enjeu de réputation autant que de conformité environnementale.
Soutien
Les fonctions de soutien – finances, RH, TI, chaîne d’approvisionnement – assurent le fonctionnement économique du cycle de vie. Demain, elles seront allégées, centrées sur les données, agiles et souvent externalisées. Les rôles internes se concentreront sur la supervision, l’orchestration et la gestion des exceptions plutôt que sur l’exécution transactionnelle.
Réponses de l’organisation : douze mesures à prendre maintenant
Concevoir la main-d’œuvre de demain exige des actions concrètes en planification, compétences, systèmes et innovation. Voici une feuille de route pratique pour répondre aux défis actuels.
Bases stratégiques
- Intégrer la planification numérique dès la phase de développement pour éviter d’hériter de contraintes existantes.
- Aligner les rôles actuels sur les capacités futures grâce à l’analyse de la main-d’œuvre.
- Choisir des partenaires numériques matures pour favoriser l’intégration et l’automatisation.
- Mettre en œuvre des modèles hybrides et à distance, soutenus par l’infrastructure numérique.
- Favoriser un état d’esprit agile et une gestion du changement efficace pour surmonter les obstacles culturels.
Évolution de la main-d’œuvre
- Investir dans l’apprentissage numérique continu (automatisation, IA, robotique, analytique).
- Combiner expérience des aînés et agilité des jeunes talents pour innover et assurer la relève.
- Sous-traiter les systèmes existants non essentiels pour libérer les ressources internes.
Déploiement technologique
- Concevoir les nouveaux flux de travail en mode automatisé, en commençant par les fonctions de soutien.
- Activer les données opérationnelles pour soutenir la prise de décision par IA.
- Lancer des projets pilotes sur les actifs existants pour y intégrer des technologies numériques.
Innovation et évolutivité
- Maximiser l’innovation dans les nouveaux puits : opérations autonomes, à distance, avec peu d’intervention humaine.
Ces mesures font passer la planification de la main-d’œuvre d’une approche réactive à stratégique – permettant aux entreprises de la concevoir plutôt que de la subir.
Conclusion : concevoir, et non embaucher, la main-d’œuvre de demain
La main-d’œuvre de demain doit être intentionnellement conçue, alignée au cycle de vie des actifs, soutenue par des technologies intelligentes et des systèmes agiles. Il faut d’abord comprendre le travail à accomplir, déterminer comment le faire efficacement, et ensuite qui l’accomplira. Ce virage est essentiel pour les producteurs du secteur pétrolier et gazier : rareté de la main-d’œuvre, attentes élevées, impératif de performance. CGI accompagne les entreprises dans cette transition – avec les outils, plateformes et conseils stratégiques nécessaires pour concrétiser leur vision.
Cet article a été co-écrit par les deux experts suivants :
| Geoffrey Cann,Défenseur de l'innovation numérique dans l'énergie | Peter Warren,Vice-président, Responsable mondial de l'industrie, Énergie et services publics, CGI |
Si vous souhaitez obtenir plus d'information sur notre travail dans ce domaine, n'hésitez pas à communiquer avec Peter.
Références
- Warren, Peter et Geoffrey Cann. 2025. « La main-d’œuvre de demain dans le secteur de l’énergie : des défis à venir ». https://www.cgi.com/canada/fr-ca/article/energy-and-utilities/la-main-doeuvre-de-demain-dans-le-secteur-de-lenergie-des-defis-venir
- Warren, Peter et Geoffrey Cann. 2025. « La main-d’œuvre de demain dans le secteur de l’énergie : des occasions à saisir ». https://www.cgi.com/canada/fr-ca/article/energy-and-utilities/la-main-doeuvre-de-demain-dans-le-secteur-de-lenergie-des-occasions
- Warren, Peter et Geoffrey Cann. 2025. « La main-d’œuvre de demain dans le secteur de l’énergie : relever les défis pour faire place à la transformation ». https://www.cgi.com/canada/fr-ca/article/petrole-et-gaz/la-main-doeuvre-de-demain-dans-le-secteur-de-lenergie-relever-les-defis-pour
- Warren, Peter et Geoffrey Cann. 2025. « La main-d’œuvre de demain dans le secteur de l’énergie : les technologies émergentes ». https://www.cgi.com/canada/fr-ca/article/energy-and-utilities/la-main-doeuvre-de-lavenir-dans-le-secteur-de-lenergie-technologies-emergentes

