Aujourd’hui, les manufacturiers doivent trouver des moyens de faire plus avec moins afin de rester concurrentiels et d’acquérir assez de résilience pour faire face aux conditions macroéconomiques, géopolitiques et de marché en constante évolution. Cet article tombe à point, car il donne des exemples de la manière dont d’autres ont suivi cette voie tout en mettant en lumière certains des défis auxquels les manufacturiers sont confrontés aujourd’hui. Il suggère aussi une voie à suivre pour atteindre l’excellence. L’article s’appuie sur les résultats d’un récent sondage de CGI auprès de directions d’entreprise et leur propose des étapes possibles pour faire passer leur organisation au niveau supérieur grâce à une approche de fabrication unifiée.

Pour donner le ton de cet article, je voudrais citer quelques exemples concrets d’excellence manufacturière qui en disent long sur la manière dont les directions d’entreprise ont mené leurs organisations manufacturières.

  • Toyota, réputée pour la mise en place des principes de production optimisée (lean), a atteint un niveau élevé d’efficacité, de qualité et de satisfaction de la clientèle grâce à l’accent mis sur l’élimination du gaspillage et l’amélioration continue (Kaizen).
  • General Electric (GE), pionnier dans l’adoption des méthodologies Six Sigma, a considérablement renforcé l’efficacité opérationnelle et la fiabilité des produits en améliorant la qualité et en réduisant les défauts dans ses processus de fabrication.
  • Motorola a considérablement réduit les défauts de fabrication et établi de nouvelles normes de qualité et d’efficacité en tirant parti d’outils et de technologies statistiques avancées pour surveiller et contrôler les processus de fabrication.
  • Siemens a intégré la numérisation et l’automatisation dans ses processus de fabrication, ce qui a donné naissance au concept d’usine numérique. Cette approche a amélioré la flexibilité, l’efficacité et la personnalisation des produits.

La liste comprend aussi P&G, Intel, Nestlé, Unilever, Ford Motor Company, etc.

Les directions de ces entreprises ont dû mettre en place plusieurs initiatives audacieuses et considérer plusieurs options avant de trouver les solutions qui produisaient les résultats escomptés. D’où la question suivante : que peuvent faire les directions du secteur manufacturier pour favoriser le changement et assurer le succès de leur organisation dans le contexte d’aujourd’hui?

Le défi

De nombreuses directions estiment qu’il est difficile d’abandonner l’approche traditionnelle de la fabrication pour adopter les principes de l’industrie 5.0 et être davantage axées sur les données connectées et unifiées. L’industrie 4.0 se concentrait sur la connectivité entre les appareils et les systèmes afin d’obtenir des performances optimales et d’améliorer l’efficacité et la productivité. L’industrie 5.0 complète cet effort en plaçant l’humain et l’environnement au centre de la technologie, des processus et de la conception.

Les trois piliers de l’industrie 5.0 et leur signification pour les fabricants

Une chaîne de valeur manufacturière typique commence par la connaissance de ce qui doit être produit, de la quantité, des spécifications, du délai et du lieu (informations qui proviennent des ventes ou du portail de commerce électronique). En fonction de la nomenclature prédéfinie, les matières premières sont achetées et les équipes de recherche et de conception de produits définissent, conçoivent et créent les spécifications et la nomenclature s’il s’agit d’une commande sur mesure. Ces données sont envoyées à l’usine de production, ce qui déclenche les processus de planification, d’ordonnancement et de gestion de la production, les systèmes d’exécution de la fabrication, la gestion des déchets, la gestion des stocks et les processus d’assurance de la qualité. L’entretien, les réparations et l’exploitation des installations sont des activités essentielles qui permettent d’assurer une production efficace. Les activités liées à la chaîne d’approvisionnement et à la distribution font partie de la chaîne de valeur du secteur manufacturier. Elles veillent à ce que les bonnes pièces soient livrées au bon endroit et au bon moment de façon optimale et rentable tout en gardant les clients informés en tout temps des écarts et de l’état de la livraison.

La clé de l’excellence consiste à garantir une exécution parfaite et sans faille des divers processus de la chaîne de valeur du secteur manufacturier tout en offrant aux directions d’entreprise une visibilité totale sur l’état d’avancement de ces processus afin qu’elles puissent rectifier le tir en cas d’écart en cours de route.

Les fabricants se trouvent aujourd’hui à des niveaux de maturité différents lorsqu’il s’agit d’adopter la technologie pour permettre une chaîne de valeur manufacturière efficace. Des termes comme infonuagique, réseaux sans fil, Internet des objets (IdO), robotique avancée, drones, appareils mobiles, réalité augmentée, analyse de mégadonnées, cybersécurité, impression 3D et véhicules guidés automatisés sont devenus courants. En fait, on s’attend à ces termes lorsqu’on parle d’une usine entièrement moderne, numérique, connectée et axée sur les données. Le degré d’adoption varie d’un secteur à l’autre, qu’il s’agisse de l’aérospatiale, de l’automobile, de la haute technologie et de l’électronique, des produits industriels, des produits chimiques, des pâtes et papiers, des métaux, de l’exploitation minière ou de l’agriculture.

Il peut être difficile pour les directions du secteur manufacturier de comprendre comment chaque technologie mentionnée ci-dessus ajouterait de la valeur à leur chaîne de valeur manufacturière. Il n’y a certainement pas d’approche universelle. Cela nécessite au contraire une vision globale soutenue par une approche incrémentale visant à ajouter de la valeur étape par étape et processus par processus jusqu’à ce que les résultats souhaités soient atteints à l’échelle du service, puis à l’échelle de l’entreprise.

Le sondage La voix de nos clients de CGI révèle les tendances et les priorités

Les tendances macroéconomiques et industrielles incitent les directions du secteur manufacturier à définir, à redéfinir et à ajuster leurs priorités commerciales et informatiques afin d’aider leur entreprise à rester concurrentielle et à respecter ses engagements envers ses clients. Dans le cadre du sondage La voix de nos clients 2024, CGI a interrogé plus de 1 800 cadres, dont 80 % étaient des cadres supérieurs. Parmi eux, il y avait 202 cadres du secteur manufacturier. Ces conversations stratégiques ont révélé que 73 % des cadres du secteur manufacturier nomment la technologie et l’accélération numériques comme la macrotendance la plus importante, suivie par l’évolution de la démographie sociale (52 %), la lutte contre les changements climatiques (50 %) et la reconfiguration des chaînes d’approvisionnement (33 %).

Les changements climatiques et le développement durable restent des tendances clés du secteur, mais la numérisation accrue des processus d’affaires, la cybersécurité, la protection des données personnelles, l’IA et les approches axées sur les données sont d’autres tendances notables.

L’une des cinq principales priorités des entreprises est de stimuler la croissance des revenus et l’optimisation par la numérisation, l’IA et l’automatisation. Les cadres mentionnent aussi la nécessité permanente de stimuler la croissance du chiffre d’affaires, l’innovation, l’orientation client et l’optimisation des coûts.

Le rythme de l’accélération numérique (la croissance annuelle des organisations produisant les résultats attendus de leurs stratégies numériques) varie en fonction du secteur. Le secteur automobile a enregistré une croissance de 34 % et le secteur des biens industriels et commerciaux, de 21 % alors que la moyenne mondiale est de 30 %.

Comment les fabricants peuvent-ils réussir et jouer un rôle de premier plan dans l’environnement actuel?

Qu’est-ce que cela signifie pour les leaders du secteur manufacturier? Comment peuvent-ils ou elles accélérer le changement? Que doivent-ils ou elles faire et par où commencer?

  • Revenir à la base – Revoyez votre usine, votre pile technologique, vos opérations et vos processus. Cherchez à renforcer la résilience, l’agilité et la rapidité de mise sur le marché. Concentrez-vous sur la réduction des coûts à tout moment et de manière itérative jusqu’à ce que votre organisation devienne allégée. Pour ce faire, il est nécessaire d’évaluer la façon dont les choses sont gérées aujourd’hui afin de faire le point sur la situation actuelle et de déterminer ce qu’il est possible de faire de manière réaliste dans un délai défini. Ensuite, élaborez un plan pour passer de l’état actuel à l’état futur.
  • Préparer les données – La société manufacturière de demain est axée sur les données. Tant de données sont générées par les systèmes d’exploitation, y compris les appareils IdO, les capteurs et les chaînes d’approvisionnement. Mais la plupart de ces données sont inutilisées, ce qui fait perdre des occasions de générer des informations précieuses. L’exploitation de ces données permet d’identifier les tendances, de prévoir les résultats et d’optimiser les processus, ce qui mène à une prise de décision plus stratégique et plus efficace. Cela permettra de réduire les coûts, d’accélérer les délais de livraison et d’améliorer la satisfaction des clients. C’est aussi l’occasion de mettre en œuvre des pratiques plus durables et de réduire votre impact sur l’environnement grâce à des données disponibles, consommables et exploitables.
  • Bâtir des chaînes d’approvisionnement flexibles et capables de s’adapter rapidement aux changements et aux perturbations – Les chaînes d’approvisionnement flexibles vous permettent de répondre aux changements de la demande, de l’offre et des conditions du marché tout en maintenant les niveaux de service et la satisfaction des clients, même en cas d’évènements inattendus. L’IdO, l’IA et les technologies de chaîne de blocs peuvent fournir une visibilité en temps réel de la chaîne d’approvisionnement. Des niveaux de stocks adéquats permettent aussi de répondre à la demande sans avoir de surplus, ce qui immobilise le capital. Ils permettent aussi d’adapter les opérations aux fluctuations de la demande. Certains fabricants se concentrent sur certaines parties de la chaîne d’approvisionnement, comme la production ou l’entreposage, afin de réduire la dépendance à l’égard des chaînes d’approvisionnement mondiales et de raccourcir les délais.
  • Favoriser la collaboration – Travailler en étroite collaboration avec les fournisseurs, les partenaires et les clients améliore la communication et la coordination, ce qui permet de résoudre rapidement les problèmes. La collaboration permet aussi de se concentrer sur le client et ouvre la voie à un écosystème de chaîne d’approvisionnement plus interconnecté qui offre une visibilité à toutes les parties concernées.
  • Garder l’accent sur la sécurité informatique et la sécurité opérationnelle – Les données sont partout et de plus en plus accessibles à mesure que l’intégration avec des systèmes et des partenaires externes se développe. Une faille de sécurité dans les systèmes opérationnels peut facilement perturber les processus de fabrication et entraîner des temps d’indisponibilité importants et des pertes financières. Cela peut aussi compromettre la sécurité des employé(e)s et de l’équipement. L’intégrité des données est essentielle pour la prise de décisions, le contrôle de la qualité et la conformité. La protection des données des clients permet aussi de renforcer la confiance de ces derniers. Pour protéger les données sensibles, confidentielles et financières, il est essentiel que la sécurité informatique et opérationnelle reste une priorité.

Le concept de fabrication unifiée prend de l’ampleur. Grâce à l’adoption de la norme IPC-2591 CFX par l’ensemble du secteur, certains fabricants ont renouvelé leurs ententes de niveau de service pour obliger les fournisseurs, les vendeurs et les fabricants à se qualifier pour cette norme.

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