Découvrez le témoignage de Franck Glaziou, Directeur de projet chez CGI.

 

 

Pourquoi est-ce important de donner envie à plus de femmes de rejoindre nos métiers ?

Pour moi, un groupe constitué de profils identiques, de « clones », c’est stérile. La diversité des visions est essentielle à notre activité. Les femmes ont les mêmes compétences que les hommes, mais ont souvent une approche différente. Cette complémentarité des points de vue génère une richesse commune, une véritable valeur ajoutée. C’est également le cas avec des personnes qui rejoignent nos métiers après une reconversion professionnelle. Elles nous apportent des points de vue différents qui enrichissent toute l’équipe.

Malheureusement, le secteur souffre d’un vrai déficit d’image auprès des publics féminins qui ont souvent une vision souvent très technique, technologique de l’IT. Dans les collèges et les lycées par exemple, on constate que la 1re vision des filles sur les métiers du numérique est souvent stéréotypée. Pour beaucoup d’entre elles, « c’est des maths et c’est plus pour les garçons ».

Alors, concrètement, comment t’y prends-tu pour briser ce stéréotype ?

Nous avons travaillé en collaboration avec un collège pour créer un serious game qui donne une vision globale, claire et objective de nos activités. Il permet de présenter la diversité de nos métiers et d’illustrer la façon dont ils intègrent une part importante de communication, d’échanges et de coopération. Il nous permet aussi de démontrer que les compétences et qualités recherchées pour chacun de ces métiers sont indépendantes du genre.

Ma fille a été la 1re à le tester. Elle était en classe de 5e à l’époque, et pour elle, mon métier était clairement « un métier de garçon ». Elle a tout de suite adhéré et a vu que notre secteur offrait des métiers intéressants, des métiers qu’elle qualifiait de « proches des gens ». Après cette 1re victoire, l’aventure a continué avec des enfants de collègues, des copains de ma fille, puis avec des interventions dans des collèges et des lycées. Aujourd’hui, plus de 1 800 élèves ont pu participer au serious game.

Au sein de l’agence CGI de Clermont-Ferrand, nous avons également utilisé ce jeu pour présenter nos métiers à un groupe de lycéennes, et dans un tout autre contexte, à un groupe de femmes en reconversion. Dans un cas comme dans l’autre, cela leur a donné envie de s’intéresser de plus près à notre secteur, alors qu’initialement, beaucoup pensaient simplement que ces métiers n’étaient pas pour elles.

Il nous a aussi permis d’accompagner un groupe d’étudiantes de l’IUT informatique de Clermont-Ferrand où je suis vacataire depuis 12 ans. Elles avaient très envie de s’investir pour promouvoir leurs métiers à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Nous les avons aidées, en nous appuyant sur le scénario du jeu, à formaliser les messages qu’elles voulaient faire passer pour être leurs propres ambassadrices dans d’autres écoles et auprès de leurs réseaux.

Comment fonctionne ce jeu ?

Il s’appuie sur une problématique concrète, par exemple, l’optimisation des flux de passage en caisse dans un magasin ou l’optimisation du non-gaspillage dans une cantine ou un restaurant d’entreprise. Dans ce dernier scénario, nous couvrons tous les aspects du sujet, jusqu’à l’impact écologique des emballages.

Dans les écoles, nous intervenons toujours en parité pour illustrer concrètement la diversité : une femme et un homme, une personne expérimentée et une personne plus juniore. Nous commençons par présenter le besoin, puis les élèves travaillent en sous-groupe avant de faire une restitution au « client », c’est-à-dire, nous et les autres groupes. Cela nous permet de démontrer la valeur de l’énergie collective pour produire des idées.

Nous passons ainsi en revue toutes les étapes d’un projet informatique, de l’analyse du besoin des utilisateurs au déploiement de l’application, en passant par la proposition au client, la maquette, la planification, etc., sans oublier la partie support. Nous présentons les métiers qui interviennent à chacune de ces étapes et les compétences associées, en faisant le lien avec les matières que les élèves étudient en classe.

Si beaucoup ont déjà des notions de ce que sont un développeur ou un chef de projet, le jeu leur permet de découvrir les activités liées au design, aux aspects fonctionnels, au traitement des cas d’erreur, à la conduite du changement ou encore la formation des utilisateurs.

Nous avons une grande diversité de métiers dans l’IT. Certaines élèves s’orientent plus facilement vers les métiers fonctionnels, proches de la communication, mais on voit aussi des  filles qui sont intéressées par le code, il n’y a pas de généralité. Au quotidien, dans mes activités de directeurs, je prends du temps avec chaque personne pour bien comprendre ce qu’elle attend de son poste. L’important est de s’assurer que l’on propose des missions qui vont correspondre à la personne, et ça, c’est indépendant du genre.