Cette année, il s’agit davantage d’une évolution que d’une révolution, et trois grandes tendances devraient se dessiner dans l’évolution de la radio au cours des prochains mois.

En février, nous avons célébré la Journée mondiale de la radio 2023. La première Journée mondiale de la radio a eu lieu en 2012. Le secteur a beaucoup évolué au cours des onze années qui se sont écoulées depuis le lancement de l’événement, tout en restant à peu près le même. Les tendances et les forces qui le façonneront encore cette année auraient pu être prédites par de nombreuses personnes en 2012, et nous prévoyons la poursuite des changements technologiques déjà observés au cours des dernières années. Pour reprendre une expression bien connue, cette année est davantage synonyme d’évolution que de révolution, et trois tendances principales devraient marquer l’évolution du secteur de la radio en 2023.

La première tendance est la production à distance. Elle a pris beaucoup d’ampleur dès les premiers jours de la pandémie, lorsque de nombreux radiodiffuseurs ont dû l’adopter rapidement pour rester à l’antenne.

De nombreuses personnes ont accompli un travail remarquable au cours des premières semaines et des premiers mois de la pandémie; le moment est venu aujourd’hui d’examiner les systèmes mis en place pour gérer à la hâte les flux de travail à distance et de les optimiser pour le long terme. Ce génie ne retournera pas dans sa lampe. La souplesse et la rentabilité du travail à distance sont trop bénéfiques pour être ignorées, mais nous pouvons en améliorer les dispositifs. Nous pouvons, par exemple, nous éloigner des solutions lourdes à installer et privilégier des dispositifs plus légers qui peuvent fonctionner sur un ordinateur normal disposant d’un navigateur Web.

L’objectif est de fournir des outils flexibles, capables de reproduire la qualité et la robustesse des solutions en studio, tout en étant plus agiles et plus souples à déployer dans le monde entier. Tout cela est techniquement réalisable en 2023; le secteur, dans son ensemble, doit simplement travailler sur l’interface.

Quoi d’autre?

La deuxième tendance est liée à la première, dans la mesure où elle a rendu possible la production à distance. Il s’agit de la transition vers le nuage. Si le secteur de la radio a pris du retard par rapport à d’autres secteurs dans la mise en œuvre de l’informatique en nuage, la demande s’est accélérée en raison de la pandémie. Il y a quelques années, l’informatique en nuage suscitait surtout des inquiétudes, concernant notamment les défaillances de communication, le stockage de contenu et la sécurité. À mesure que les systèmes ont évolué et que leur usage s’est généralisé, ces inquiétudes se sont dissipées et les avantages du « nuage », tels que l’extensibilité, la vitesse d’itération, la réorientation des dépenses de l’investissement à l’exploitation, se sont imposés comme des arguments de poids. Le nuage est désormais la norme pour les nouvelles installations, même s’il existe encore des équipements sur site utilisés dans un cadre hybride, en particulier dans les pays en développement où la diversité des connexions reste un problème à résoudre.

La troisième tendance est la croissance constante des canaux de diffusion. Auparavant, les émissions de radio étaient des flux linéaires qui étaient programmés pour être diffusés, et c’était tout. Aujourd’hui, le contenu est créé pour une multitude de canaux, de Snapchat à TikTok, en passant par YouTube, Facebook Live, etc. Ces canaux sont de plus en plus importants pour les radiodiffuseurs en raison de leur capacité à renforcer l’engagement des auditeurs.

Ils s’accompagnent également d’un mode d’écoute non linéaire qui oblige les stations à créer des versions de contenu différentes pour chaque média. Cette tendance oriente la radio vers un mode de conception de programmes axé sur la narration, où le contenu est considéré comme des conteneurs ou des projets avec des composants pouvant être réutilisés de différentes manières. Le flux de travail est très différent et nécessite une réorganisation importante, mais les avantages sont énormes une fois qu’il est mis en place.

L’avenir

Diverses tendances façonneront les onze prochaines années et contribueront à orienter le débat lors de la Journée mondiale de la radio 2034. Tout d’abord, l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique commencent à avoir une incidence croissante sur le secteur. Ces technologies sont déjà utilisées pour créer automatiquement du texte à partir de la parole, ce qui accélère le processus de recherche dans les systèmes de production audio. Avec l’introduction de systèmes d’intelligence artificielle générative, tels que ChatGPT, ce phénomène ne fera que s’accélérer.

Enfin, le développement durable. C’est un sujet qui ne fera que gagner en importance dans les années à venir et qui deviendra une préoccupation croissante dans le secteur, la question des énergies renouvelables et des politiques environnementales devenant de plus en plus importante, à la fois pour les entreprises et pour leurs auditeurs.

Que nous réserve l’avenir? Une production radiophonique qui utilise des clients légers sur les navigateurs Web, permettant aux journalistes et aux producteurs de s’appuyer sur des assistants dotés d’intelligence artificielle pour créer des contenus attrayants, sur différentes plateformes, grâce à une collaboration transparente avec des collègues dans le monde entier. Et en 2023, nous nous en rapprochons encore un peu plus.

L’auteur, Michael Thielen, est vice-président, services-conseils chez CGI.

Cet article a d’abord été publié dans le magazine RedTech* (n° 14, mars/avril 2023, page 26), une revue économique et technologique spécialisée dans les secteurs de la radiodiffusion et de l’audio numérique.

* En anglais seulement